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cord de l’année romaine avec l’année solaire. La négligence qu’ils apporterent à ces intercalations, obligea César de réformer le calendrier. Voyez An & Calendrier.

On appelle aussi intercalaires, par une raison semblable, les mois embolismiques dans les années lunaires. Voyez Embolismique. (O)

INTERCEDER, v. neutre ; c’est protéger une personne auprès d’une autre ; c’est supplier pour elle, l’excuser, demander grace.

INTERCEPTER, v. act. (Gramm.) c’est surprendre une chose en allant à sa destination. On intercepte une lettre, un courier, une nouvelle, un ouvrage.

* INTERCESSEUR, s. m. (Gramm.) celui qui prie pour un autre. Les saints sont nos intercesseurs auprès de Dieu. Voyez Intercession.

Intercesseur ou Interventeur, s. m. (Hist. eccles.) nom qu’on donnoit anciennement par honneur dans l’église d’Afrique à quelques évêques, auxquels on confioit le soin de quelque évêché vacant jusqu’à ce que le siege fût rempli. C’étoit le primat qui nommoit ces intercesseurs, tant pour gouverner le diocese, que pour procurer l’élection d’un nouvel évêque. Cette précaution néanmoins ayant donné lieu à deux abus, le premier que ces intercesseurs profitoient de leur commission pour gagner la faveur du peuple, l’autre de passer à l’évêché vacant s’il étoit plus riche ou plus honorable ; le cinquieme concile de Carthage y remédia, en statuant 1°. que l’office d’intercesseur ne pourroit être confié plus d’un an de suite à la même personne, & qu’on en nommeroit un autre, si dans l’année il n’avoit pourvu à l’élection d’un nouvel évêque. 2°. Que nul intercesseur, quand même il auroit pour lui les vœux du peuple, ne pourroit être élevé au siége épiscopal, dont on lui avoit confié l’administration pendant la vacance. Bingham, Orig. ecclésiast. tom. I. liv. II. chap. xv. § l. 2 & 3.

INTERCESSIO, (Hist. rom.) ce terme latin mérite ici d’être expliqué, non-seulement parce qu’on le trouve souvent dans les Historiens de Rome, mais encore parce qu’il désigne précisément le contraire de notre mot françois intercession.

Intercessio chez les Romains signifioit l’opposition que tout magistrat avoit droit de faire, pour arrêter s’il étoit possible les propositions de ses collegues ou de ses inférieurs ; mais les tribuns du peuple jouissoient seuls du privilege d’empêcher réellement par leur opposition, l’effet des propositions de tout magistrat quelconque, sans qu’aucun d’eux, excepté un membre de leur corps, pût mettre opposition à tout ce qu’ils jugeroient à propos de proposer à la république.

Le pouvoir & la prérogative des tribuns du peuple, & même d’un seul tribun, consistoit en ce seul mot, veto, je l’empêche, qu’ils mettoient au bas des decrets du sénat, toutes & quantes fois qu’il leur plaisoit. Ce veto étoit si puissant dans la bouche de ces magistrats plébéïens, que sans être obligés de motiver les raisons de leur opposition, intercessionis, il suffisoit pour arrêter également les résolutions du sénat, & les propositions des autres tribuns. Voyez Midleton, of roman senate.

INTERCESSION, s. f. (Morale.) en latin intercessus, c’est-à-dire médiation, entremise. L’intercession est une demande, une priere faite en faveur de quelqu’un avec instance & avec empressement, pour lui obtenir quelque grace, quelque avantage, & plus communément encore, le pardon ou l’adoucissement de quelque peine. C’est le caractere d’une belle ame d’intercéder fortement & généreusement pour les fautes de l’humanité.

L’histoire ecclésiastique est remplie d’intercessions des évêques auprès des magistrats pour les chrétiens

accusés de crimes, ou accablés de dettes. On sait à ce sujet, l’effet qu’eurent celles de Flavien auprès de Théodose, lorsque les habitans d’Antioche se révolterent, & abattirent les statues de l’empereur & de l’impératrice Placille. Théodose extrèmement irrité alloit détruire Antioche, sans les intercessions du prélat qui, par son discours & par ses larmes, obtint le salut de sa ville & celui de son troupeau. La harangue de Flavien à Théodose mérite les plus grands éloges ; elle est de la main de saint Chrysostome qui, dans le même tems, voyant le troupeau de son ami justement allarmé, tâcha de le consoler par des homélies que l’on ne peut lire sans en être sensiblement touché.

La lettre que saint Augustin écrivit à Macédonius, est non-seulement une piece instructive de l’ancien usage de l’intercession des évêques, en faveur de ceux qui étoient exposés à la rigueur de la justice, mais c’est un des meilleurs morceaux qu’il ait fait. Macédonius lui ayant témoigné que c’étoit approuver le crime que de s’opposer à la punition. Saint Augustin lui répondit entre autres choses : « Je mets une grande différence entre celui qui défend & celui qui intercede ; l’un ne travaille qu’à cacher la faute, l’autre demande grace ou une modération de la peine ; c’est un devoir du christianisme. Jesus-Christ lui-même a intercédé auprès des hommes, pour empêcher qu’on ne lapidât la femme adultere. Nous sommes bien éloignés d’approuver les pécheurs, puisque nous exigeons qu’ils se corrigent pour éviter leur condamnation à venir ; mais en détestant le crime, nous devons avoir pitié des criminels. La charité veut que nous aimions les impies, que nous leur fassions du bien, que nous prions Dieu pour eux, & que nous tâchions de les ramener à leur devoir, non par des supplices, mais par nos exemples, par nos conseils, par nos exhortations, &c. » Je n’examinerai point si la conduite de saint Augustin a toujours répondu à cette morale chrétienne, il me suffit de dire que rien n’en peut détruire l’excellence & la solidité. (D. J.)

INTERCIDONE, s. f. (Mythol.) déesse des champs, qui présidoit à la conservation des femmes grosses. Elle veilloit sur elles avec Pilumnus & Dévetra, & leur soin commun étoit de les garantir de tout péril, & sur tout des insultes des sylvains.

INTERCOSTAL, adj. en anatomie, se dit des nerfs, des muscles & des autres vaisseaux qui sont situés entre les côtes. Voyez Côtes.

Les deux nerfs intercostaux, ou les grands nerfs sympathiques commencent chacun par un filet de la sixieme paire de la moëlle allongée, & par deux filets de la cinquieme. Ils accompagnent la carotide dans le canal osseux de l’apophyse pierreuse de l’os des tempes.

Ces nerfs sont situés tout le long des parties latérales du corps de toutes les vertebres, à la racine de leurs apophyses tranverses. Dès qu’ils sont sortis du crane, ils forment un ganglion, qui est situé tout le long des parties latérales des trois premieres vertebres ; il est fort adhérent au tronc de la huitieme paire par plusieurs filets de communication. Ils communiquent aussi avec la neuvieme & la dixieme paire de la moëlle allongée, avec la premiere, la seconde & la troisieme des paires cervicales, & même avec la branche que la huitieme paire envoie au larinx. Ce ganglion se termine par un cordon fort menu, qui descend sur les muscles fléchisseurs du col, & il est enveloppé dans une espece de gaîne commune avec la jugulaire, enferme l’artere carotide & la huitieme paire de nerfs. Dans ce trajet ce cordon communique avec la troisieme, la quatrieme, la cinquieme & la sixieme paire cervicale.

Le cordon étant vis-à vis la derniere vertebre du col, forme un ganglion, nommé le dernier ganglion