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Lever, en terme de Blondier, c’est l’action de diviser les écales d’un tiers ; ce qui se fait à la main, & est d’autant moins difficile que ces écales sont distinguées visiblement les unes des autres. Voyez Ecales : on dit, lever les écales, & découper les centaines.

Lever, faire la pâte, en terme de Boulangerie, c’est faire revenir la pâte dans des bannes, en toile. Voy. Coucher la paste.

Lever, (Jardinage.) on dit qu’une graine leve, quand elle commence à sortir de terre.

On dit encore, lever un arbre en motte ; opération qui demande des ouvriers adroits, mais admirable pour jouir en peu de tems d’un beau jardin.

Après avoir choisi un arbre dans la pepiniere, on le fera déchausser tout autour, avant les gelées, pour former une motte, à moins que la terre ne soit assez forte pour se soutenir d’elle-même. Si cette motte étoit grosse de trois ou quatre piés de tour, on la renfermeroit dans des claies ou manequins faits exprès pour la maintenir dans le transport ; on rafraîchit seulement les longues racines, c’est-à-dire, que l’on coupe leur extrémité, & on les étend dans le trou préparé en les garnissant de terre à l’ordinaire.

La maniere de planter & d’aligner ces arbres est toujours la même, il faut seulement observer de les arroser souvent & de les soutenir avec des perches contre les grands vents qui en empêcheroient la reprise.

Lever la lettre, terme d’Imprimeur, usité pour désigner l’action du compositeur lorsqu’il prend dans la casse les lettres les unes après les autres, qu’il les arrange dans le composteur pour en former des lignes, dont le nombre répété fait des pages, puis des formes. Voyez l’art. Imprimerie.

Lever, en Manege, est une des trois actions des jambes d’un cheval ; les deux autres sont l’arrêt & l’allure. Voyez Air, &c.

Le lever des jambes du cheval pour les cabrioles, les courbettes, &c. est regardé comme bon, quand il le fait hardiment & à l’aise, sans croiser les jambes, sans porter les piés trop en-dehors ou en-dedans, & cependant en étendant les jambes suffisamment.

Il faut lever le devant à un cheval après l’arrêt formé. Voyez Arrêt.

Lorsque le cheval est délibéré au terre-à-terre, on lui apprend à lever haut, en l’obligeant de plier les jambes le plus qu’il est possible, pour donner à son air une meilleure grace ; & quand il est bien délibéré à se lever haut du devant, on le fait attacher entre deux piliers pour lui apprendre à lever le derriere, & à ruer des deux jambes à-la-fois.

Lever le semple, (Manufacture en soie.) c’est remonter les lacs & les gavassines d’un semple pour travailler l’étoffe.

Lever, en terme de Vannerie, c’est plier les lattes du fond à une certaine distance pour faire le bord de la piece qu’on travaille.

LEVERPOOL, ou LIVERPOOL, en latin Liserpalus, (Géog.) petite ville d’Angleterre, dans le comté de Lancastre, à 18 milles de Chester, 150 N. O. de Londres, & à l’embouchure du Mersey, dans la mer d’Irlande, où elle a un grand port ; elle a droit de députer au parlement. Long. 13. 30. & selon Strect, 14. 56. 15. lat. 53. 16. & selon Strect, 53. 22. (D. J.)

LEVEURS, s. m. terme de Papeterie : c’est ainsi qu’on appelle les ouvriers qui levent les feuilles de papier de-dessus les feutres pour les placer sur le drapant, qui est une machine faite comme un chevalet de peintre, sur les chevilles de laquelle on met une planche ; c’est sur cette planche qu’on arrange les feuilles de papier les unes sur les autres. Voyez Papier, & les Planches de Papeterie.

LEUGAIRE colonne, (Littér.) colonne itinéraire des Romains découverte dans les Gaules, où les distances sont marquées par le mot leugæ.

Tout le monde sait l’usage où les Romains étoient de placer de mille en mille pas le long de leurs routes, des colonnes de pierre, sur lesquelles ils marquoient la distance des différens lieux à la ville où chaque route commençoit.

Mais 1°. les colonnes itinéraires découvertes dans les Gaules & dans le voisinage au de-là du Rhin, ont une singularité qu’on ne voit point sur celles d’aucun autre pays ; c’est que les distances y sont quelquefois marquées par le nombre des lieues, leugis, & non par celui des milles.

2°. Ces sortes de colonnes ne se rencontrent que dans la partie des Gaules, nommée par les Romains comata ou chevelue, & dont César fit la conquête ; dans tout le reste, on ne voit que des colonnes milliaires.

3°. Quelquefois dans le même canton, & sous le même empereur, la distance d’une station à l’autre étoit exprimée à la romaine & à la gauloise, c’est-à-dire en milles ou en lieues, non pas à-la-fois sur une même colonne, mais sur des colonnes différentes.

4°. Le mot leuga ou leonga, est originairement gaulois ; il vient du mot celtique leong ou leak, une pierre ; d’où l’on doit inférer que l’usage de diviser les chemins en lieues, & de marquer chaque division par une pierre, étoit vraissemblablement connu des Gaulois avant que les Romains les eussent soumis à leur empire. (D. J.)

LEUH, (Hist. mod.) c’est ainsi que les Mahométans nomment le livre dans lequel, suivant les fictions de l’alcoran, toutes les actions des hommes sont écrites par le doigt des anges.

LEVI, ou LEVÉ, (Géog. anc.) & par Polybe, l. II. c. xvij. Λᾶοι, Laoi, ancien peuple d’Italie, dans la Ligurie, proche les Insubriens, le long du Pô. Pline dit : les Leves & les Marigues bâtirent Ticinum (Pavie) près du Pô ; ainsi les Leves étoient aux environs de Pavie, & occupoient le Pavesan. (D. J.)

LEVIATHAN, s. m. (Hist. nat.) nom que les Hébreux ont donné aux animaux cétacés, tels que les baleines.

Leviathan, (Théol.) est le nom de la baleine dont il est parlé dans Job, chap. xlj. Les rabins ont écrit de plaisantes choses de ce leviathan : ils disent que ce grand animal fut créé dès le commencement du monde, au cinquieme jour avec la femelle, que Dieu châtra le mâle, & qu’il tua la femelle, & qu’il la sala pour la conserver jusqu’à la venue du messie, qu’on régalera d’un grand festin où l’on servira cette baleine ou leviathan. Ce sont-là les fables des talmudistes touchant le leviathan, dont il est aussi fait mention dans les chapitres du rabin Eliezer, & dans plusieurs autres auteurs juifs. Les plus sages néanmoins d’entre eux, qui voyent bien que cette histoire du leviathan, n’est qu’une pure fiction, tâchent de l’expliquer comme une allégorie, & disent que leurs anciens docteurs ont voulu marquer le diable par cet animal leviathan. Il est certain que la plûpart des contes qui sont dans le talmud, & dans les anciens livres des Juifs, n’ont aucun sens, si on ne les prend allégoriquement. Samuel Bochart a montré dans son hierozoïcon, que leviathan est le nom hébreu du crocodile, pag. 2. l. IV. c. xvj. xvij. & xviij. Buxtorf, synagog. jud. & dictionn.

LEVIER, s. m. en Méchanique, est une verge inflexible, soutenue sur un seul point ou appui, & dont on se sert pour élever des poids, laquelle est presque dépourvue de pesanteur, ou au-moins n’en a qu’une qu’on peut négliger. Ce mot vient du