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LICNON, (Littérat.) λίκνον ; c’étoit dans les fêtes de Bacchus le van mystique de ce dieu, chose essentielle aux Dionisiaques, & sans laquelle on ne pouvoit pas les célébrer convenablement. Il y avoit des gens destinés à porter le van du dieu le licnon sacré : on les appelloit par cette raison les Lichnophores, λίκνοφόροι. Voyez Poter, Archæol. græc. l. II. c. xx. tom. I. p. 383.

LICODIA, (Géog.) petite ville de Sicile, dans la vallée de Noto, à 30 milles de Syracuse. Long. 32. 50. lat. 36. 56.

LICOLA, Lago di, (Géog.) reste du lac Lucrin, ancien lac de la Campanie (aujourd’hui du royaume de Naples, dans la terre de Labour), & près de l’ancienne ville de Bayes. L’an 1538 un tremblement de terre bouleversa ce lac, élevant de son fonds une montagne de cendres, & changeant le reste en un marais fangeux qui ne produit plus que des roseaux. Voyez Lucrinus Lacus, Géog. (D. J.)

LICONDA ou ALICONDA, s. m. (Hist. nat. Bot.) grand arbre qui croît en Afrique dans les royaumes de Congo, de Benguela, ainsi que dans d’autres parties. On dit qu’il devient d’une grosseur si prodigieuse, que dix hommes ont quelquefois de la peine à l’embrasser ; mais il se pourrit facilement au point qu’il est sujet à être abattu par le vent ; ce qui est cause que l’on évite de bâtir des cabanes dans son voisinage : on craint aussi la chûte de son fruit qui est gros comme une citrouille. L’écorce de cet arbre battue & mise en macération, donne une espece de filasse dont on fait de grosses cordes ; en la battant avec des masses de fer, on parvient à en faire une espece d’étoffe dont les gens du commun couvrent leur nudité. L’écorce du fruit, quand elle a été séchée, fait toute sorte d’ustensiles de ménage, & donne une odeur aromatique aux liqueurs qui y séjournent. Dans les tems de disette le peuple se nourrit avec la pulpe de ce fruit, & même avec les feuilles de l’arbre ; les plus larges servent à couvrir les toîts des cabanes ; on les brûle aussi pour avoir leurs cendres & pour en faire du savon. Comme ces arbres sont très-souvent creux, ils servent de citernes ou de réservoirs aux habitans, qui en tirent une quantité prodigieuse d’eau du ciel qui s’y est amassée.

LICORNE, s. f. (Hist. nat.) animal fabuleux : on dit qu’il se trouve en Afrique, & dans l’Ethiopie ; que c’est un animal craintif, habitant le fond des forêts, portant au front une corne blanche de cinq palmes de long, de la grandeur d’un cheval médiocre, d’un poil brun tirant sur le noir, & ayant le crin court, noir, & peu fourni sur le corps, & même à la queue. Les cornes de licorne qu’on montre en différens endroits, sont ou des cornes d’autres animaux connus, ou des morceaux d’ivoire tourné, ou des dents de poissons.

Licorne fossile, (Hist. nat.) en latin unicornu fossile. Quelques auteurs ont donné ce nom à une substance osseuse, semblable à de l’ivoire ou à une corne torse & garnie de spirales qui s’est trouvée, quoique rarement, dans le sein de la terre. M. Gmelin dans son voyage de Sibérie, croit que ce sont des dents d’un poisson. Il rapporte qu’en 1724 on trouva sous terre une de ces cornes, dans le territoire de Jakutsk en Sibérie ; il présume qu’elle n’appartient point à l’animal fabuleux à qui on a donné le nom de licorne ; mais il croit avec beaucoup de vraissemblance qu’elle vient de l’animal cétacé, qu’on nomme narhwal. Le même auteur parle d’une autre corne de la même espece, qui fut trouvée en 1741, dans un terrein marécageux du même pays : cependant il observe que le narhwal que l’on trouve communément dans les mers du Groenland, ne se rencontre point dans la mer Glaciale qui borne le nord de la Sibérie.

Ce qui sembleroit jetter du doute sur cette matiere, c’est un fait rapporté par l’illustre Leibnitz dans sa Protogée ; il dit d’après le témoignage du célebre Otton Guerike, qu’en 1663 on tira d’une carriere de pierre à chaux de la montagne de Zeunikenberg, dans le territoire de Quedlimbourg, le squelette d’un quadrupede terrestre, accroupi sur les parties de derriere, mais dont la tête étoit élevée, & qui portoit sur son front une corne de cinq aunes, c’est-à-dire d’environ dix piés de longueur, & grosse comme la jambe d’un homme, mais terminée en pointe. Ce squelette fut brisé par l’ignorance des ouvriers, & tiré par morceaux de la terre ; il ne resta que la corne & la tête qui demeurerent en entier, ainsi que quelques côtes, & l’épine du dos ; ces os furent portés à la princesse abbêsse de Quedlimbourg. M. de Leibnitz donne dans ce même ouvrage la représentation de ce squelette. Il dit à ce sujet, que suivant le rapport d’Hyeronimus Lupus, & de Balthasar Tellez, auteurs portugais, il se trouve chez les Abyssins un quadrupede de la taille d’un cheval, dont le front est armé d’une corne. Voyez Leibnitz, Protogæa, pag. 63 & 64. Malgré toutes ces autorités, il est fâcheux que le squelette dont parle Leibnitz, n’ait point été plus soigneusement examiné, & il y a tout lieu de croire que cette corne appartenoit réellement à un poisson.

Il ne faut point confondre la corne ou la substance osseuse dont il s’agit ici, avec une autre substance terreuse, calcaire, & absorbante, que quelques auteurs ont très-improprement appellée unicornu fossile, & qui, suivant les apparences, est une espece de craie ou de marne. Voyez Unicornu fossile. (—)

Licorne, (Blason.) la licorne est un des supports des armes d’Angleterre. Voyez Support.

Les hérauts représentent cet animal passant & quelquefois rampant.

Quand il est dans cette derniere attitude, comme dans les armes d’Angleterre, pour parler proprement, il faut dire qu’il est saillant d’argent ; une licorne saillant de sable, armée, onglée, &c.

LICOSTOMO, (Géog.) Scotusa ou Scotussa, ancienne ville de Grece dans la Thessalie, aujourd’hui dite province de Janna, sur le Pénée auprès du golfe de Salonique, Salonichi, avec un évêché suffragant de Larisse. (D. J.)

LICOU ou LICOL, s. m. terme de Bourrelier-Sellier, c’est un harnois de tête dont on se sert pour attacher les chevaux dans l’écurie, & le licol est composé de quatre pieces, savoir une museliere, une têtiere, deux montans qui joignent la museliere à la têtiere, qui d’ailleurs sont jointes sous la gorge par un anneau auquel est assujetti une longe de corde, de cuir, ou de crin, par laquelle on attache le cheval à l’auge ou au ratelier. Voyez les Planches.

LICTEUR, s. m. (Littérat.) en latin lictor, huissier qui marchoit devant les premiers magistrats de Rome, & qui portoit la hache enveloppée dans un faisceau de verges : il faisoit tout ensemble l’office de sergent & de bourreau.

Romulus établit des licteurs, pour rendre la présence des magistrats plus respectable, & pour exécuter sur le champ les jugemens qu’ils prononceroient. Ils furent nommés licteurs, parce qu’au premier commandement du magistrat, ils lioient les mains & les piés du coupable, lictor à ligando. Apulée croit qu’ils tiroient leur nom d’une ceinture ou courroie qu’ils avoient autour du corps, & qu’on appelloit licium. Voyez Licium.

Quoi qu’il en soit, ils étoient toûjours prêts à délier leurs faisceaux de verges, pour fouetter ou pour trancher la tête, selon l’ordre qu’ils recevoient, I, lictor, colliga manus, expedi virgas, plecte securi. Ils étoient cependant, malgré leur vil emploi, de con-