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des mouchoirs de col, des toilettes, &c. on les envoye des manufactures en petits paquets quarrés d’une piece & demie chacune, couverts de papier brun, lissé & enfermé dans des cassettes de bois dont les planches sont chevillées.

LINOS, s. m. (Littér.) espece de chanson triste ou de lamentation, en usage chez les anciens grecs.

Voici ce qu’en dit Hérodote, liv. II. en parlant des Egyptiens. « Ils ont, dit-il, plusieurs autres usages remarquables, & en particulier celui de la chanson linos, qui est célebre en Phénicie, en Chipre & ailleurs, où elle a différens noms, suivant la différence des peuples. On convient que c’est la même chanson que les Grecs chantent sous le nom de linos ; & si je suis surpris de plusieurs autres singularités d’Egypte, je le suis sur-tout du linos, ne sachant d’où il a pris le nom qu’il porte. Il paroît qu’on a chanté cette chanson dans tous les tems ; au reste, le linos s’appelle chez les Egyptiens maneros. Ils prétendent que Maneros étoit le fils unique de leur premier roi ; & que leur ayant été enlevé par une mort prématurée, ils honorerent sa mémoire par cette espece de chanson lugubre, qui ne doit l’origine qu’à eux seuls ». Le texte d’Hérodote donne l’idée d’une chanson funebre. Sophocle parle de la chanson elinos dans le même sens ; cependant le linos & l’elinos étoient une chanson pour marquer non-seulement le deuil & la tristesse, mais encore la joie suivant l’autorité d’Eurypide, cité par Athénée, liv. XIV. chap. iij. Pollux donne encore une autre idée de cette chanson, quand il dit que le linos & le lityerse étoient des chansons propres aux fossoyeurs & aux gens de la campagne. Comme Hérodote, Euripide & Pollux ont vécu à quelques siecles de distance les uns des autres, il est à croire que le linos fut sujet à des changemens qui en firent une chanson différente suivant la différence des tems. Sophocle, in Ajace ; Pollux, liv. I. c. j. Dissert. de M. de la Nauze sur les chansons des anciens. Mém. de l’ac. des Belles-Lettres, tome IX. pag. 358.

LINOSE, (Géog.) île de la mer Méditerranée, sur la côte d’Afrique, à 5 lieues N. E. de Lampedouse, presque vis-à-vis de Mahomette en Barbarie. Sanut pense que c’est l’Ethusa de Ptolomée. Elle a environ 5 lieues de tour, & pas un seul endroit commode, où les vaisseaux puissent aborder. Long. 31. 6. lat. 34. (D. J.)

LINOTE, s. f. linaria vulgaris, (Hist. nat. Ornitholog.) cet oiseau pese une once ; il a environ six pouces de longueur depuis la pointe du bec jusqu’à l’extrémité de la queue, & dix pouces d’envergure ; le bec est long d’un demi-pouce, fort noir par-dessus & blanc par-dessous. La tête a des teintes de couleur cendrée & de brun, & le dos est mêlé de brun & de roux. Le milieu de chaque plume est brun, & les bords sont cendrés dans les plumes de la tête, & roux dans celles du dos. La poitrine est blanchâtre ; les plumes du bas-ventre, & celles qui sont autour de l’anus sont jaunâtres : le ventre est blanc, & le cou & l’endroit du jabot, sont de couleur roussâtre avec des taches brunes. Il y a dix-huit grandes plumes dans chaque aîle ; elles sont noires ; elles ont la poitrine blanchâtre. Les bords extérieurs des neuf premieres plumes sont blancs ; les petites plumes qui recouvrent l’aîle sont rousses, & celles qui recouvrent l’aîleron sont noires. La queue est un peu fourchue, & composée de douze plumes. Les deux plumes extérieures ont deux pouces trois lignes de longueur, & celles du milieu n’ont que deux pouces ; celles-ci ont les bords roux, & toutes les autres les ont blancs. Cet oiseau aime beaucoup les semences de lin ; c’est pourquoi on l’a appellé linaria, linote. Son chant est très-agréable. Il se nourrit de graines de panis, de millet & de chénevi, &c. Avant que de manger

ces semences, il en ôte l’écorce avec son bec, pour ne manger que le dedans. Mais le chénevi engraisse tellement ces oiseaux qu’ils en meurent, ou qu’ils en perdent au-moins leur vivacité, & alors ils cessent de chanter. La linote niche sur des arbres qui ne sont pas élevés ; elle fait trois ou quatre œufs. Willughb. Ornit.

Il y a deux sortes de linotes rouges ; une grande & une petite. La grande linote rouge est plus petite que la linote ; elle a le sommet de la tête rouge, & la poitrine teinte de cette même couleur ; la petite linote rouge a le devant de la tête d’un beau-rouge. Raii synop. avium. Voyez Oiseau.

LINSOIRS, s. m. (Charpente.) sont des pieces de bois qui servent à porter le pié des chevrons à l’endroit des lucarnes des édifices, & aux passages des cheminées. Voyez nos Planches de Charpente & leur explication.

LINTEAUX, s. m. pl. (Charp.) sont des pieces de bois qui forment le haut des portes & des croisées qui sont assemblées dans les poteaux des croisées & des portes. Voyez nos Pl. de Charpente.

Linteau, s. m. (Serrurerie.) bout de fer placé au haut des portes, des grilles, où les tourillons des portes entrent.

Linteau se dit aussi en Serrurerie comme en Menuiserie, de la barre de fer que l’on met aux portes & croisées, au lieu de linteau de bois.

LINTERNE, en latin Linternum, ou Liternum, (Géog. anc.) ancienne ville d’Italie dans la Campanie, à l’embouchure du Clanis (le Clanio ou l’Agno), & auprès d’un lac ou marais que Stace appelle Linterna palus. La position de ce marais a engagé Silius Italicus à nommer la ville stagnosum Linternum.

Linterne étoit une colonie romaine qui fut augmentée sous Auguste. C’est-là que Scipion l’Afriquain, piqué de l’ingratitude de ses compatriotes, se retira, & qu’il passa le reste de ses jours dans l’étude, & dans la conversation des gens de lettres. Tous les Scipions les ont aimées, & ont été vertueux. Celui-ci, le premier des Romains qu’on honora du nom de la nation qu’il avoit soumise, mourut dans la petite bicoque de Linterne, après avoir subjugué l’Afrique, défait en Espagne quatre des plus grands généraux Carthaginois, pris Syphax roi de Numidie, vaincu Annibal, rendu Carthage tributaire de Rome, & forcé Antiochus à passer au-delà du mont Taurus.

On grava sur la tombe de cet homme immortel ces paroles remarquables, qu’il prononçoit lui-même quelquefois : Ingrata patria, nequidem habebis ossa mea.

Tous les auteurs qui ont parlé de Linterne, nous disent qu’après sa destruction par les Vandales en 455, on érigea sur le tombeau du grand Scipion la tour qu’on y voit encore ; & comme il n’étoit resté de l’inscription que le seul mot patria, cette tour fut appellée torre di patria. Le lac voisin, autrefois Literna, ou Linterna palus, se nomme aussi Lago di patria ; en un mot, on a donné le nom de Patria à la bourgade, à la tour, au lac, & même à la riviere qui est marquée dans plusieurs cartes, Rio, Clanio, Overo, Patria. Voyez Patria.

Linterne a été épiscopale avant que d’être entierement ruinée. On en apperçoit quelques masures sur le golfe de Gaëte, entre Pouzzoles & l’embouchure du Volturno, environ à trois lieues de l’une & de l’autre, près de la tour di patria. (D. J.)

LINTHÉES, s. f. (Comm.) étoffe de soie qui se fabrique à Nanquin.

LINTZ, en latin moderne Lentia, (Géog.) ville forte d’Allemagne, capitale de la haute Autriche, située dans une belle plaine sur le Danube, à 12 milles S. E. de Passau, 36 N. E. de Munich, 30 O. de Vienne. Long. suivant Képler & Cassini, 32 deg. 46 min. 15 sec. lat. 48. 16. (D. J.)