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jugaison des barytons ; de φράζω, φράσω : au contraire, dans le verbe allemand zischen, siffler, qui vient du grec σίζειν, le σ ou s grec est changé en z, & le ζ ou z grec est changé en sch qui répond à notre ch françois. « Quand les Parisiens, dit encore M. de Dangeau (Opusc. pag. 50.), prononcent les mots chevaux & cheveux, ils prononceroient très distinctement le ch de la premiere syllabe, s’ils se vouloient donner le tems de prononcer l’e féminin, & qu’ils prononçassent ces mots en deux syllabes : mais s’ils veulent, en pressant leur prononciation, manger cet e féminin, & joindre sans milieu la premiere consonne avec l’v, consonne qui commence la seconde syllabe ; cette consonne qui est foible affoiblit le ch qui devient j, & ils diront jvaux, & jveux ».

Au reste, ces quatre articulations linguales ne sont pas les seules sifflantes : les deux semi-labiales v & f, sont dans le même cas, puisqu’on peut de même les faire durer quelque tems ; comme une sorte de sifflement. Elles different des linguales sifflantes par la différence des dispositions organiques, qui font du même organe diversement arrangé deux instrumens aussi différens que le haut-bois, par exemple, & la flûte. L’articulation gutturale h, qui n’est qu’une expiration forte & que l’on peut continuer quelque-tems, est encore par-là même analogue aux autres articulations sifflantes. De-là encore la possibilité de mettre les unes pour les autres, & la réalité de ces permutations dans plusieurs mots dérivés : h pour f dans l’espagnol humo, fumée, venu de fumus ; f pour h dans le latin festum venu de ἑστᾶν ; v pour h dans vesta dérivé de ἑστία ; pour s dans verro qui vient de σαίρω ; s pour h dans super au lieu du grec ὑπὲρ, &c.

Les articulations linguales liquides sont ainsi nommées, comme je l’ai déja dit ailleurs, (Voyez L.) parce qu’elles s’allient si bien avec plusieurs autres articulations qu’elles n’en paroissent plus faire ensemble qu’une seule, de même que deux liqueurs s’incorporent au point qu’il résulte de leur mélange une troisieme liqueur qui n’est plus ni l’une ni l’autre. Nous en avons deux le & re représentées par l & r : la premiere s’opere d’un seul coup de la langue vers le palais ; la seconde est l’effet d’un trémoussement réitéré de la langue. Le titre de la dénomination qui leur est commune, est aussi celui de leur permutation respective ; comme dans varius qui vient de βαλίος, où l’on voit tout à la fois le β changé en v, & le λ en r ; de même milites a été d’abord substitué à melites, descendu de mérites par le changement de r en l, & ce dernier mot venoit de mereri, selon Vossius, dans son traité de litterarum permutatione.

Pour ce qui est des articulations mouillées, je n’entreprendrai pas d’assigner l’origine de cette dénomination : je n’y entends rien, à moins que le mot mouillé lui même, donné d’abord en exemple de l mouillé, n’en soit devenu le nom, & ensuite du gn par compagnie : ce sont les deux seules mouillées que nous ayons. (B. E. R. M.)

LINGUES, s. m. (Com.) Satin-lingues ; il est fabriqué parmi nous, on l’envoie à Smyrne.

LINIERE, s. f. (Jardinage). C’est le lieu où est semé le lin.

LINIMENT, s. m. (Pharm.), espece de remede composé externe, qui s’applique en en frottant légerement, enduisant & oignant les parties.

Le liniment proprement dit, doit être d’une consistance moyenne entre l’huile par expression, ou entre le baume artificiel & l’onguent ; & il ne differe que par cette consistance de ces deux autres préparations pharmaceutiques. Leur composition & leurs usages sont d’ailleurs les mêmes. Ce sont toujours

des huiles, des graisses, des résines, des baumes naturels, des bitumes destinés à amollir, assouplir, détendre, calmer, résoudre : & même cette différence unique qui dépend de la consistance, ne détermine que d’une maniere fort vague & fort arbitraire, la dénomination de ce genre de remedes : ensorte qu’on appelle presqu’indifféremment baume, liniment, ou onguent, des mélanges de matieres grasses destinés à l’application extérieure, & qu’il importe très peu en effet de les distinguer.

Quoi qu’il soit presque essentiel à ce genre de remede, d’être composé de matieres grasses, & que l’élégance de la préparation, l’obligation de faire de ses différens ingrédiens un tout exactement mêlé, lié, aggrégé, en exclue les matieres non miscibles aux corps gras ; cependant sub assiduâ conquassatione, en battant long-tems avec les huiles, ou d’autres matieres grasses résoutes, des liqueurs aqueuses, pures ou acidules, on parvient à les incorporer ensemble sous la forme d’un tout assez lié. Le cerat de Galien qui est un liniment proprement dit, & le nutritum vulgaire qui est appellé onguent, contiennent le premier, de l’eau, & le second, du vinaigre.

On peut donc absolument, si l’on veut, prescrire sur ce modele, des linimens magistraux dans lesquels on fera entrer des décoctions de plantes, de l’eau chargée de mucilages, de gomme, &c. mais si l’on veut, d’après l’ancien usage, dissiper par la cuite l’eau chargée d’extrait, de mucilage, &c. ces substances restent en masses distinctes parmi les matieres huileuses ; elles ne contractent avec elles aucune espece d’union, & séparées de leur véhicule, de leur menstrue, de l’eau, elles n’ont absolument aucune vertu dans l’application extérieure.

Au reste, il paroît que les liqueurs aqueuses introduites dans les linimens n’ont d’autre propriété, que de les rendre plus légers, plus rares, plus neigeux ; car d’ailleurs leur vertu médicinale réelle paroît appartenir entierement aux matieres huileuses. Voyez Huile & Onguent.

On fait entrer aussi assez souvent dans les linimens & les onguens, diverses poudres telles que celles des diverses chaux de plomb, de pierre calaminaire, de verd-de-gris, des terres bolaires, des gommes-résines, & même de quelques matieres végétales ligneuses, de semences farineuses, &c. toutes ces poudres qui sont ou absolument insolubles par les matieres graisseuses, ou qui s’y dissolvent mal dans les circonstances de la préparation des linimens & des onguens, non-seulement nuisent à la perfection pharmaceutique de ces compositions ; mais même sont dans la plûpart des ingrédiens sans vertu, ou pour le moins dont l’activité est châtrée par l’excipient graisseux. (b)

LINKIO, s. m. (Botan. exotiq.) plante aquatique de la Chine. Son fruit est blanc & a le goût de la châtaigne, mais il est trois ou quatre fois plus gros, d’une figure pyramidale & triangulaire ; il est revêtu d’une écorce verte, épaisse vers le sommet, & qui noircit en séchant. La plante qui le porte, croît dans les eaux marécageuses ; elle a les feuilles fort minces, & elle les répand de toutes parts, sur la surface de l’eau. Les fruits viennent dans l’eau même ; c’est du moins ce qu’en dit Hoffman dans son dictionnaire universel latin ; celui de Trévoux, a fait de ce lexicographe, un auteur anonyme qui a écrit de la Chine. (D. J.)

LINON, s. m. (Comm.) espece de toile de lin blanchi, claire, déliée & très-fine, qui se manufacture en Flandres ; il y a du linon uni, rayé & moucheté. L’un a de large & quatorze aunes à la piece, ou de large & douze à treize aunes à la piece. Le rayé & le moucheté est de de large sur quatorze aunes à la piece. On en fait des garnitures de tête,