Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 9.djvu/706

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Espen (Zeger Bernard van) célebre jurisconsulte, & savant canoniste, naquit dans cette ville en 1646, & mourut à Amersfoot en 1728, à 83 ans. On doit des éloges à quelques-uns de ses ouvrages, mais surtout à son jus ecclesiasticum universum, dans lequel il fait paroître une grande connoissance de la discipline ecclésiastique ancienne & moderne. (D. J.)

LOUVE, s. f. (Litter.) nourrice de Rémus & de Romulus. Ces deux freres jumeaux, dit Virgile, d’après la tradition populaire, suçoient les mamelles de cet animal, badinoient sans crainte autour de la bête féroce, qu’ils regardoient comme leur mere, & qui les traitoit comme ses enfans. Cette louve se trouve souvent dans les anciens monumens de Rome, avec les deux enfans qui tettent. Telle est cette belle statue du Tibre copiée sur l’antique, & que l’on voit dans le jardin des Tuileries. Plutarque, bien ou mal instruit, raconte dans ses paralleles les un fait à-peu-près semblable à celui de Rome, arrivé dans l’Arcadie : mais sur les médailles, un loup ou une louve signifient toujours l’origine de la ville de Rome, ou la domination romaine à laquelle les peuples étoient soumis. (D. J.)

Louve, (Architect.) dans l’art de bâtir, est un morceau de fer comme une main, avec un œil, qu’on serre dans un trou fait exprès à une pierre prête à poser, avec deux louveteaux, qui sont deux coins de fer ; ensuite on attache le cable d’une grue ou autre machine à l’œil de la louve, ce qui sert à enlever la pierre du chantier sur le tas.

Louver, c’est faire le trou dans la pierre pour y mettre la louve.

Louve, la, (Géog.) nom de deux petites rivieres de France, l’une en Franche-comté, a sa source dans le bailliage de Pontarlier, & se jette dans le Doux au dessous de Dôle. Elle est rapide, poissonneuse, & très-utile pour le flotage du bois. L’autre a sa source en Béarn, au village de Louboux, & se perd dans l’Adour, un peu au-dessous de Castelnau. (D. J.)

LOUVESTAN, (Géog.) pays d’Asie, dans le Curistan méridional, entre le Tigre, le Curistan & la Perse. M. Fréret juge avec beaucoup de vraissemblance, que c’est la Bactriane de Xénophon ; qu’il ne faut pas confondre avec la Bactriane, qui s’étendoit sur la rive méridionale du fleuve Oxus, & dont Bactra, aujourd’hui Termend, sur le Gihon, étoit la capitale, au sentiment de plusieurs géographes. (D. J.)

LOUVET, (Maréch.) poil de cheval, il est d’un gris couleur de poil de loup.

LOUVETEAU, s. m. (Pelleterie.) petit engendré d’un loup & d’une louve. La peau du louveteau garnie de son poil, est une assez bonne fourrure quand elle est bien préparée par le pelletier. On l’emploie à en faire des manchons & autres fourrures semblables, qui sont plus ou moins estimées, suivant la beauté & la finesse du poil. Voyez Loup.

LOUVETERIE, s. f. (Vén.) équipage de chasse pour le loup. Il y a des officiers de louveterie, & dans plusieurs provinces la louveterie a ses lieutenans.

LOUVETIER, s. m. (Vénerie) officier qui commande à l’équipage du roi, pour la chasse du loup. Le grand louvetier de France porte à ses armes deux têtes de loup au-dessous de l’écu ; il fut créé sous François I. en 1520. On se proposa d’exterminer les animaux malfaisants appellés loups : on établit des louvetiers particuliers. Ils ont encore leurs fonctions dans la plupart de nos villages avoisinés de forêts.

Louvetier, (Hist. mod.) officier qui commande à l’équipage de la chasse du loup. Autrefois il y avoit des louvetiers entretenus dans toutes les forêts ; & il en reste encore en beaucoup d’endroits. Le grand louvetier a deux têtes de loup au-dessus de l’écu

de ses armes : ce fut François I. qui en créa la charge en 1520. Le grand louvetier prête serment entre les mains du roi, les autres officiers de la louveterie le prêtent entre ses mains. Le ravage que causa dans les provinces la grande multiplication de loups, occasionnée par la dépopulation qui suivit les incursions des barbares dans les Gaules, attirerent l’attention du gouvernement : il y eut des lois faites à ce sujet. Il fut ordonné par celles des Bourguignons, & par les capitulaires de nos rois d’avertir les seigneurs du nombre de loups que chacun aura tués, d’en présenter les peaux au roi ; de chercher & de prendre les louveteaux au mois de Mai ; & aux vicaires ou lieutenans des gouverneurs, d’avoir chacun deux louvetiers dans leur district : on proposa des prix à ceux qui prendroient des loups. On finit par établir des louvetiers dans chaque forêt, & par créer un grand louvetier, auquel les autres seroient subordonnés. Les places de louvetiers, en chaque province, n’étoient que des commissions, lorsque François I. les mit en titre d’office, & au-dessus de ces officiers, celui de grand louvetier de France. On attribua d’abord aux louvetiers deux deniers par loup, & trois deniers par louve, salaire qui dans la suite fut porté à quatre deniers par louve, & qui dut être payé par chaque feu de village, à deux lieues à la ronde du lieu où l’animal avoit été pris. Les habitans de la banlieue de Paris en furent & ont continués d’en être exempts.

LOUVEURS, s. m. pl. (Maçonnerie.) ouvriers qui font les trous dans la pierre, & qui y placent la louve. Voyez Louve.

LOUVIER, ou plutût LOUVOIER, (Marine.) c’est courir au plus près du vent, tantôt à stribord, tantôt à bas-bord, en portant quelque tems le cap d’un côté, puis revirant & le portant d’un autre côté, ce qui se fait lorsqu’on a le vent contraire, & qu’on veut chicanner le vent, & maintenir le vaisseau dans le parage où il est, afin de ne se pas éloigner de la route.

LOUVIERS, (Géog.) en latin moderne Lupariæ ; ville de France dans la haute Normandie, avec titre de comté. Il y a une manufacture de draperies qui est assez considérable. Louviers est d’ailleurs située favorablement dans une plaine fertile, à 4 lieues N. d’Evreux, 2 S. du Pont-de-l’arche, 8 S. E. de Rouen, 22 N. O. de Paris. Long. 18. 50. lat. 49. 10.

LOUVO, ou LOUVEAU, (Géog.) Kœmpfer écrit LIVO, & les Siamois l’appellent Noccheboury ; ville d’Asie, au royaume de Siam, avec un palais que les rois de Siam habitent une partie de l’année ; c’est leur Versailles. Elle est fort peuplée, & située dans une belle plaine à 9 lieues de la capitale, où l’on peut aller par un canal. Long. selon les PP. Jésuites, 118. 33. selon M. de Lille, 121. 11. 30. lat. 14.43. 25.

LOUVOYER, verbe neutre, (Marine.) c’est voguer quelque tems d’un côté, puis virer de cap, & aller autant de l’autre, afin de se conserver toujours une même hauteur, & dériver de sa route le moins qu’il est possible. On louvoie quand le vent est contraire.

LOUVRE, le, (Hist. mod.) en latin lupara, palais auguste des rois de France dans Paris, & le principal ornement de cette capitale. Tout le monde connoît le louvre, du-moins par les descriptions détaillées de Brice & autres écrivains.

Il fut commencé grossierement en 1214 sous Philippe Auguste, & hors de la ville. François I. jetta les fondemens des ouvrages, qu’on appelle le vieux louvre ; Henri II. son fils employa d’habiles architectes pour le rendre régulier. Louis XIII. éleva le pavillon du milieu couvert en dôme quarré ; Louis XIV. fit exécuter la superbe façade du louvre qui est