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du ressort en mettant dans une petite cueiller du poivre en poudre fine, que l’on porte sous la luette pour la saupoudrer. Mais si elle étoit devenue blanche, longue, sans irritabilité, & incapable d’être rétablie dans son état naturel, il faudroit en retrancher la partie excédente.

Celse a parlé de cette opération, en disant qu’il faut saisir la luette avec des pinces, & couper au-dessus ce qu’il est nécessaire d’emporter. Mais Fabrice d’Aquapendente ne trouve pas cette opération facile : comment, dit-il, saisir la luette avec des pincettes d’une main, & la couper de l’autre dans la partie la plus étroite, la plus profonde & la plus obscure de la bouche, principalement par la nécessité qu’il y a d’une main-tierce pour abaisser la langue ? C’est pourquoi, dit-il, je ne me sers point de pinces. J’abaisse la langue, & je coupe la luette avec des petits ciseaux. Il seroit à propos d’avoir pour cette opération des ciseaux, dont les lames échancrées en croissant embrasseroient la luette, & la couperoient nécessairement d’un seul coup. 2°. Les branches doivent être fort longues, & former une courbe de côté du plat des lames, afin d’avoir les anneaux fort bas, & que la main ne bouche pas le jour. Fabricius Hildanus avoit imaginé un anneau cannelé, portant un fil noué, propre à embrasser la luette, & à la lier. Scultet a corrigé cet instrument, & dit s’en être servi utilement à Ulm le 8 Juin 1637, sur un soldat de l’empereur, qui avoit la luette pourrie. Après que Fabrice d’Aquapendente avoit coupé la portion de luette relâchée, qu’il avoit jugé à propos de retrancher ; il portoit un instrument de fer, fait en forme de cueiller, bien chaud, non pour brûler & cautériser la luette, mais pour fortifier la chaleur naturelle presque éteinte de la partie, & rappeller sa vie languissante. Nous avons parlé au mot Feu, comment cet auteur s’étoit servi du feu d’une façon qu’il n’avoit pas une action immédiate, dans la même intention de fortifier & de resserrer le tissu d’une partie trop humide. (Y)

LUEUR, s. m. (Gram.) lumiere foible & sombre. Il se dit au physique & au moral : je vois à la lueur du feu : cet homme n’a que des lueurs.

LUFFA, s. f. (Hist. nat. Bot.) genre de plante dont les fleurs sont des bassins divisés en cinq parties jusque vers leur centre. Sur la même plante, on trouve quelques-unes de ces fleurs qui sont nouées, & quelques autres qui ne les sont pas : celles qui sont nouées tiennent à un embryon, qui devient un fruit semblable à un concombre ; mais ce fruit n’est pas charnu ; on ne voit sous sa peau qu’un tissu de fibres qui forment un admirable raiseau, & qui laissent trois loges dans la longueur du fruit, lesquelles renferment des grains presque ovales. Tournefort, Mém. de l’Acad. roy. des scien. année 1706. Voyez Plante.

LUGANO, Lucanum, (Géogr.) ville de Suisse dans les bailliages d’Italie, capitale d’un bailliage de même nom, qui est considérable ; car il contient une soixantaine de bourgs ou paroisses, & une centaine de villages. Il a été conquis par les Suisses sur les ducs de Milan. Lugano, sa capitale, est située sur le lac de Lugano, à 6 lieues N. O. de Coîne, 10 S. O. de Chiavenne. Long. 26. 28. latit. 45. 58.

LUGDUNUM, (Géog. anc.) ce nom a été écrit si différemment, Lugdunum, Lugdunus, Lugodinum, Lugudunum, Lugodunum, Lucdunum, Lygdunum, & a été donné à tant de villes, que ne pouvant point entrer dans ce détail, nous renvoyons le lecteur aux remarques de Mrs de Valois, de Méziriac, & autres qui ont tâché de l’éclaircir. Nous remarquerons seulement que tous ces noms ont été donnés spécialement par les anciens à la ville de Lyon, capitale du Lyonnois ; Lugdunum signifie-t-il en vieux

gaulois, la montagne du corbeau, ou la montagne de Lucius, parce que Lucius Munatius Plancus y conduisit une colonie ? C’est ce que nous ignorons. Nous ne savons pas mieux l’origine du nom de plusieurs autres villes qui ont la même épithete, comme Lugdunum Batavorum, Leyden ; Lugdunum Clavatum, Laon ; Lugdunum Convenarum, Comminges, &c. Elles n’ont pas toutes certainement été appellées de la sorte du nom de Lucius Plancus, ni des corbeaux qui y étoient quand on en a jetté les fondemens. Peut être pourroit-on dire que ce nom leur a été donné, à cause de leur situation près des bois, ou sur des montagnes, des collines & des côteaux. Cette derniere idée paroît la plus vraissemblable.

LUGO, (Géog.) les anciens l’ont connue sous le nom de Lucus-Augustus ; c’est de nos jours une petite ville d’Espagne en Galice, avec un évêché suffragant de Compostelle. Elle est située sur le Minho, à 13 lieues de Mondonédo, 24 S. E. d’Oviédo, 23 N. E. de Compostelle. Long. 10. 40. latit. 43. 1. (D. J.)

LUGUBRE, adj. (Gram.) qui marque la tristesse. Un vêtement est lugubre : un chant est lugubre. Il ne se dit guere des personnes ; cependant un homme lugubre ne déplairoit pas. C’est que notre langue commence à se permettre de ces hardiesses. Elles passent du style plaisant, où on les reçoit sans peine, dans le style sérieux.

Lugubre, oiseau, (Hist. nat. superstition.) c’est le nom que quelques voyageurs ont donné à un oiseau du Brésil, dont le plumage est d’un gris cendré ; il est de la grosseur d’un pigeon, il a un cri lugubre & affligeant, qu’il ne fait entendre que pendant la nuit, ce qui le fait respecter par les Brésiliens sauvages, qui sont persuadés qu’il est chargé de leur porter des nouvelles des morts. Léry, voyageur françois, raconte que passant par un village, il en scandalisa les habitans, pour avoir ri de l’attention avec laquelle ils écoutoient le cri de cet oiseau. Tais-toi, lui dit rudement un vieillard, ne nous empêche point d’entendre les nouvelles que nos grands-peres nous font annoncer.

LUGUVALLIUM, (Géogr. anc.) ancien lieu de la grande Bretagne qu’Antonin désigne par Luguvallium ad vallum, auprès d’un fossé. Le savant Gale démontre presque que c’est Old Carleil sur le Wize, entre Boulness & Périth, qui est Voreda. On y a trouvé des inscriptions, des statues équestres, & autres monumens de sa grande antiquité. (D. J.)

LUISANT, (Rubanier.) s’entend de quelques portions de chaîne qui levant continuellement pendant un certain nombre de coups de navette, & par conséquent n’étant point compris dans le travail, forment au moyen de cette inaction un compartiment de soies traînantes sur l’ouvrage qui fait le luisant, la lumiere n’étant point rompue par l’inégalité que le travail occasionne ; il faut pourtant que cette levée continuelle soit interrompue d’espace en espace, pour les faire adhérer au corps de la chaîne, sans quoi ces soies traînant toujours seroient inutiles ; on les fait baisser sur un seul coup de navette qui sert à couper cette continuité, & à les lier avec la chaîne ; après ce coup de navette, le luisant leve de nouveau comme il a fait précédemment, & ainsi de suite : les luisans se mettent plus ordinairement qu’ailleurs sur les bords ou lisieres des ouvrages, & servent à donner plus de relief aux desseins qu’ils environnent. On en met indifféremment sur tous les ouvrages de ce métier, où l’on juge qu’ils feront un bon effet.

LUISANTE, adj. (Astron.) est un nom qu’on a donné à plusieurs étoiles remarquables par leur éclat dans différentes constellations.

Luisante de la couronne est une étoile fixe de la seconde grandeur, située dans la couronne septentrio-