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cération de l’ame ; elle consiste à se détacher des affections qu’inspirent la nature & l’état de l’homme dans la société.

Macération, (Chimie.) C’est ainsi qu’on appelle en Chimie la digestion & l’infusion à froid. La macération ne differe de ces dernieres opérations, que pour le degré de chaleur qui anime le menstrue employé ; car l’état des menstrues désigné dans le langage ordinaire de l’art, par le nom de froid, est une chaleur très-réelle, quoique communément cachée aux sens. Voyez Froid & Feu (Chimie.), Infusion, Digestion, & Menstrue. (b)

Macération des mines, (Métallurg.) quelques auteurs ont regardé comme avantageux de mettre les mines en macération, c’est-à-dire de les faire séjourner dans des eaux chargées d’alcali fixe, de chaux vive, de matieres absorbantes, de fer, de cuivre, & même d’urine & de fiente d’animaux, avant que de les faire fondre. On prétend que cette méthode est sur-tout profitable pour les mines des métaux précieux, quand elles sont chargées de parties arsenicales, sulfureuses, & antimoniales, qui peuvent contribuer à les volatiliser, & à les dissiper dans un grillage trop violent.

Orschall a fait un traité de la macération des mines, dans le quel il prouve par un grand nombre d’exemples & de calculs, que les mines de cuivre qu’il a ainsi traitées, lui ont donné des produits beaucoup plus considérables que celles qu’il n’avoit point mises en macération. Voyez l’article de la fonderie d’Orschall.

Beccher approuve cette pratique ; il en donne plusieurs procédés dans sa concordance chimique, part. XII. Il dit qu’il est avantageux de se servir de la macération pour les mines d’or qui sont mêlées avec des pyrites sulfureuses & arsenicales ; il conseille de commencer par les griller, de les pulvériser ensuite, & d’en mêler une partie contre quinze parties de chaux vive & de terre fusible ou d’argille, arrosée de vingt-cinq parties de lessive tirée de cendres, & d’y joindre quatre parties de vitriol, & autant de sel marin : pour les mines d’argent on mettra de l’alun au lieu du vitriol, & du nitre au lieu de sel marin : on mêlera bien toutes ces matieres, & on les laissera quelque tems en digestion ; après quoi on mettra le tout dans un fourneau, l’on donnera pendant vingt quatre heures un feu de charbons très violent, au point de faire rougir parfaitement le mélange. Beccher pense que par cette opération la mine est fixée, maturée, & même améliorée. Voy. Concordance chimique.

MACERON, s. m. smyrntum, (Hist. nat. Bot.) genre de plante à fleur en rose, en ombelle, & composé de plusieurs pétales disposés en rond, & soutenus par un calice qui devient quand la fleur est passée, un fruit presque rond compose de deux semences un peu épaisses, & quelquefois faites en forme de croissant, relevées en bosse striées d’un côté, & plattes de l’autre. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante.

Le maceron est appellé smyrnium semine nigro par Bauhin, J. B. III. 126. Smyrnium Dioscoridis, par C. B. P. 154. Smyrnium Matthioli, par Tournefort, I. R. H. 316. Hipposelinum, par Ray, Hist. 437.

Sa racine est moyennement longue, grosse, blanche, empreinte d’un suc âcre & amer, qui a l’odeur & le goût approchant en quelque maniere de la myrrhe : elle pousse des tiges à la hauteur de trois piés, rameuses, cannelées, un peu rougeâtres. Ses feuilles sont semblables à celles de l’ache, mais plus amples, découpées en segmens plus arrondis, d’un verd brun, d’une odeur aromatique, & d’un goût approchant de celui du persil. Les tiges & leurs rameaux sont terminés par des ombelles ou parasols qui sou-

tiennent de petites fleurs blanchâtres composées

chacune de cinq feuilles disposées en rose, avec autant d’étamines dans leur milieu. Lorsque ces fleurs sont passées, il leur succede des semences jointes deux-à-deux, grosses, presque rondes ; ou taillées en croissant, cannelées sur le dos, noires, d’un goût amer.

Cette plante croît aux lieux sombres, marécageux, & sur les rochers près de la mer. On la cultive aussi dans les jardins : elle fleurit au premier printems, & sa semence est mûre en Juillet. C’est une plante bis-annuelle, qui se multiplie aisément de graine, & qui reste verte tout l’hiver. La premiere année elle ne produit point de tige, & elle périt la seconde année, après avoir poussé sa tige, & amené sa graine à maturité : sa racine tirée de terre en automne, & conservée dans le sable pendant l’hiver, devient plus tendre & plus propre pour les salades. On mangeoit autrefois ses jeunes pousses comme le céleri ; mais ce dernier a pris le dessus, & l’a chassé de nos jardins potagers. Sa graine est de quelque usage en pharmacie, dans de vieilles & mauvaises compositions galéniques. (D. J.)

Maceron, (Mat. méd.) gros persil de Macédoine. On emploie quelquefois ses semences comme succédanées de celles du vrai persil de Macédoine. Voyez Persil de Macédoine. (b)

MACHECOIN, ou IRIAQUE, s. f. (Econ. rust.) machine à broyer le chanvre. Voyez l’article Chanvre.

MACHAMALA, (Géog.) montagne d’Afrique dans le royaume de Serra-lione, près des îles de Bannanes. Voyez Dapper, description de l’Afrique.

MACHA-MONA, s. f. (Botan. exot.) calebasse de Guinée, ou calebasse d’Afrique ; c’est, dit Biron, un fruit de l’Amérique qui a la figure de nos calebasses. Il est long d’environ un pié, & de six pouces de diametre : son écorce est ligneuse & dure. On en pourroit fabriquer des tasses & d’autres ustensiles, comme on fait avec le coco. Quand le fruit est mûr, sa chair a un goût aigrelet, un peu styptique. On en prépare dans le pays une liqueur qu’on boit pour se rafraîchir, & dont on donne aux malades dans les cours de ventre. Ses semences sont grosses comme des petits pignons, & renferment une amande douce, agreable, & bonne à manger. (D. J.)

MACHAN, s. m. (Hist. nat.) animal très-remarquable, qui se trouve dans l’île de Java. On le regarde comme une espece de lion ; cependant sa peau est marquetée de blanc, de rouge & de noir, à peu près comme celle des tigres. On dit que le machan est la plus terrible des bêtes féroces ; il est si agile qu’il s’élance à plus de dix-huit piés sur sa proie, & il fait tant de ravages, que les princes du pays sont obligés de mettre des troupes en campagne pour le détruire. Cette chasse se fait avec plus de succès la nuit que le jour ; parce que le machan ne distingue aucun objet dans l’obscurité, au lieu qu’on le remarque très bien à ses yeux enflammés comme ceux des chats. Voyez l’hist. génér. des voyages.

MACHAO, s. m. (Hist. nat. Ornitholog.) oiseau du Brésil, d’un plumage noir, mêlangé de verd, qui le rend très-éclatant au soleil. Il a les piés jaunes ; le bec & les yeux rougeâtres ; il habite le milieu du pays, on le trouve rarement vers les rivages.

MACHARI, s. m. (Comm.) sorte d’étoffe, dont il se fait négoce en Hollande. Les pieces simples portent 12 aunes ; les doubles qu’on nomme machari à deux fils, en portent 24.

MACHASOR, s. m. (Théol.) mot qui signifie cycle, est le nom d’un livre de prieres fort en usage chez les Juifs, dans leurs plus grandes fêtes. Il est très-difficile à entendre, parce que ces prieres sont en vers & d’un style concis. Buxtorf remarque qu’il