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L'ENSEVELIE 9)5

L'ENSEVELIE

J'ai lu dans le regard que ton silence arbore.
Tu nous disais : « Je suis la souterraine amphore
Dont nul n’a respiré les parfums précieux,
Orgueil des jardins frais de Perse ou du Bosphore.
Je suis le vase clos et perdu pour les yeux.
Vivez, chantez, riez! Étalez sous les cieux
Vos cyniques ennuis, comme un fumier fétide !
Je suis l’urne, plus riche encor que l’Atlandide,
Ensevelie au fond d’un temple pompéien.
Sous l’angle protecteur d’une cariatide ;
J’abrite dans la nuit mon trésor très ancien !
Aimez au jour le jour, sans flamme au cœur ! Le mien
N’embaumera jamais votre détresse immonde !
Avant qu’il ait pu battre et s’ouvrir à ce monde,
Les laves du regret, les cendres du mépris
L’ont couvert d’une couche éternelle et profonde.
Où mes rêves lui font un rempart de débris.
Je suis le flacon d’or séculaire et sans prix,