Page:Dieulafoy - La Perse, la Chaldée et la Susiane.djvu/330

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gardé un calme parfait. Le temps est passé où nous nous laissions aller aux premières inspirations d’un amour-propre hors de saison. Sachant a quelles gens nous avons affaire, et ayant appris par expérience que ces orages populaires se résolvent en une bousculade au demeurant peu dangereuse, nous avons tous deux pelotonné notre tête entre les épaules et mis en saillie, dès le commencement de l’action, des coudes assez maigres pour devenir offensants.

A peine dégagés de la foule, nous rejoignons le Père, demeuré à quelque distance de l’enceinte, et Marcel, s’élevant sur-le-champ aux sublimes hauteurs du mode cicéronien, harangue nos ennemis dans le langage qu’ils entendent le mieux.

«  Jusques à quand, graine d’ânes, abuserez-vous de notre patience et vous permettrez-vous d’empiéter sur le chemin de notre volonté ? Vous montrez de la fierté parce que, au nombre de cent ou cent cinquante braves, vous avez l’audace d’attaquer deux Faranguis. Vermine, fils de vermine, vous nous respecteriez si nous traînions à notre suite une escorte de pouilleux faits à votre image ; vous redouteriez de voir le bâton réprimer vos moindres incartades ; mais n’ayez nulle crainte, chiens sans religion, la gaule qui doit vous frapper n’est pas loin de ma main. Vous apprendrez bientôt à redouter ma juste colère, et, quand vous regagnerez vos demeures, traînant dans la poussière la plante de vos pieds offensés, vous saurez qu’un