Page:Dieulafoy - La Perse, la Chaldée et la Susiane.djvu/387

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fabuleux : sujet gravé fréquemment sur (les cylindres babyloniens. A part ces débris et les massifs de fondations en partie cachés sous les décombres, il ne reste plus aucun vestige du monument. La colonne, les bases de basalte, les trois piliers et les crémaillères pratiquées au sommet de chacun d’eux suffisent cependant, pour reconst i tuer une grande salle hypostyle couverte d’une toiture en bois, précédée d’un porche et flanquée à droite et à gauche de petites pièces symétriquement disposées, communiquant par de larges baies avec le portique.

«  Sommes-nous sur les ruines d’un temple ou d’un tombeau ? dis-je à Marcel après avoir Passé une bonne partie de la journée a relever de mon mieux le plan de la construction.

— A quoi te sert d’encombrer tes poches des histoires d’Hérodote ? me répond-il. Ne te souviens-tu pas que les Perses sacrifiaient au soleil, à la lune, au feu, à l’eau et aux vents sur la cime des monts et qu’ils n’avaient point de temples ? Ces débris ne peuvent pas être non plus

Les derniers vestiges d’un tombeau, puisque nous ne retrouvons pas trace de la chambre sépulcrale caractéristique de ce genre de monuments. J’y verrais les ruines d’un palais de Cyrus. »

Non loin de ce premier édifice j’aperçois, vers l’est, une grande pierre blanche posée sur champ ; je m’en rapproche. Elle faisait également partie d’une habitation royale. Sur l’une de ses faces, au-dessous d’une inscription trilingue identique à celle que nous avons déjà relevée, je remarque une belle figure rongée par des mousses. Le personnage qu’elle représente accuse un type aryen : il a le sommet de la tète rasé ; les cheveux qui couvrent les tempes et le derrière du crâne sont rassemblés en nattes, arrivant à peine au-dessus de la nuque ; la barbe est courte et frisée. Il est vêtu de cette longue pelisse, fourrée à l’intérieur et boutonnée sur le côté, que les Persans portent encore en hiver et que les Grecs adoptèrent a près les guerres médiques, si l’on en croit Aristophane. La coiffure se compose d’une couronne ornée d’uraws. semblable aux tiares de certaines divinités égyptiennes ; sur les épaules sont fixées les grandes ailes éployées des génies assyriens et des khéroubins bibliques.

De l’avis de Marcel cette figure-portant les attributs des divinités adorées par les peuples voisins de l’Iran ne représente pas le génie tutélaire de Cyrus, mais le portrait du roi lui-même.

Cyrus, devenu maître d’un vaste empire s’étendant de l’Egypte aux rives de la Caspienne, aurait senti la nécessité de perpétuer à son profil la notion grecque ou égyptienne qui