Page:Dieulafoy - La Perse, la Chaldée et la Susiane.djvu/90

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Les inscriptions ornant ce pont pourraient fournir des renseignements précis sur la date de sa construction ; mais, la rivière étant grosse, il est impossible de se rapprocher de l’ouvrage et de lire le texte persan, même à l’aide d’une bonne lorgnette. À défaut de ce document, on peut, en comparant le Dokhtarè-pol à des monuments similaires, faire remonter son origine à la moitié du douzième siècle.

La nuit nous chasse et nous oblige à gagner un misérable bourg situé à un farsakh du pont. Les caravanes ne s’arrêtent jamais dans ce village ; aussi ne possède-t-il aucun caravansérail habitable, et avons-nous beaucoup de peine à trouver un asile chez de pauvres paysans, les gens aisés ne se souciant pas de loger des « impurs ». La famille vit pêle-mêle avec ses poules et ses pigeons. Il serait outrecuidant de réclamer une autre place que celle occupée par ces intéressants volatiles ; nous avons à choisir entre ce taudis et l’auberge de la belle étoile ; le froid est trop vif en cette saison, après le coucher du soleil surtout, pour qu’il soit permis d’hésiter.

28 avril. — Les deux dernières étapes ont été très rudes ; aujourd’hui la caravane est restée treize heures en marche, mais elle sera demain à Zendjan. Malgré la fatigue, l’idée d’arriver bientôt dans une grande ville répand un air de béatitude sur les visages les plus moroses. Les tcharvadars se réjouissent de toucher la seconde partie du prix de la location de leurs chevaux ; les voyageurs, de leur côté, vont pouvoir se reposer une journée entière et s’approvisionner dans de beaux bazars.

trône du catholicos d’Echmyazin