Page:Diodore - Histoire universelle, édition 1741, tome 4.djvu/207

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mier rang pour la guerre dans toute la Gréce[1].

Théodore, ayant ainſi parlé, les Syracuſains ébranlez juſqu’au fond de l’ame demeuroient interdits & en ſuſpens, & jettoient les yeux de côté & d’autre ſur leurs Alliez. Pharacide de Lacédémone, Commandant de la flotte auxiliaire, monta auſſi-tôt ſur la Tribune, où l’on crut qu’il s’alloit déclarer le Chef de l’entrepriſe propoſée par Théodore. Mais comme il étoit ami du Tyran, il dit qu’il avoit été envoyé pour ſoutenir les Syracuſains & Denys contre les Carthaginois, & non pour ôter à Denys la ſouveraine

  1. Laiſſant à part tout ce qui eſt allégué de vraiſemblable contre Denys dans ce diſcours : On peut ſe ſouvenir qu’au 13. livre art. 25. pag. 212. de Rhodoman : il eſt dit par l’Hiſtorien même qu’il s’étoit comporté courageuſement dans tous les combats, où il s’étoit trouvé contre les Carthaginois : mais c’étoit dans le temps qu’il aſpiroit à la Tyrannie. Nous verrons dans le Livre ſuivant qu’il lui fut annoncé depuis qu’il mourroit dès qu’il auroit remporté l’avantage ſur des gens plus forts que lui ; & que cette menace l’avoit fait mollir plus d’une fois devant les Carthaginois. Voilà le fondement des juſtes reproches qu’on lui fait ici : car au fond Denys ne péchoit pas faute de bravoure. L’hiſtorien a cru devoir garder ce dénouement pour la fin : Mais j’ai cru que le Lecteur éclairé d’avance verroit avec plus de plaiſir encore les ménagemens du Perſonnage, dont nous aurons dans la ſuite quelques exemples que l’on appercevra mieux, quand on en ſçaura la véritable cauſe.