Page:Diodore - Histoire universelle, édition 1741, tome 4.djvu/214

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rames, avec des vaiſſeaux de charge & quelques galéres, ils y mirent le feu. La flâme s’éleva & s’étendit bientôt ſi prodigieuſement, qu’aucun des mariniers ni des proviſionnaires n’oſa ſeulement en approcher pour y porter quelque reméde. Car quoiqu’on n’eut mis d’abord le feu qu’aux vaiſſeaux de guerre, un vent violent le porta bien-tôt & ſur les vaiſſeaux de charge, & ſur ceux de quelques particuliers. Ceux qui étoient dedans ſe jettoient eux-mêmes dans l’eau pour ſe ſauver des flammes, qui gagnoient & les voiles & les cordages : le vent qui pouſſoit les uns contre les autres les navires en feu, les faiſoit briſer & tomber en cendres dans un inſtant. La chûte des Antennes enflammées qui entraînoient les mâts à demi brûlez, donnoit à toute la ville un ſpectacle interreſſant & par la ruine des Carthaginois, & par la vengeance que le Ciel ſembloit tirer de tant de profanations dont ils s’étoient rendus coupables. Auſſi tout ce qu’il y avoit de Citoyens dans Syracuſe, depuis les enfans juſqu’à ceux à qui l’âge laiſſoit encore quelque faculté de ſe mouvoir,