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Page:Diodore de Sicile - Bibliothèque historique, Delahays, 1851.djvu/142

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est vrai que la prospérité ne fait qu’augmenter l’ambition de l’homme. Il établit un de ses amis satrape de la Médie, et s’avança lui-même vers la conquête des nations de l’Asie ; dans un espace de dix-sept ans, il se rendit maître de toute la con- trée, à l’exception des Indes et de la Bactriane. Aucun historien n’a décrit en détail les batailles qu’il a livrées, ni le nombre des peuples qu’il a vaincus ; nous ne signalerons de ces derniers que les principaux sur l'autorité de Ctésias de Cnide. Parmi les contrées littorales , il soumit à sa puissance l’Égypte, la Phénicie, la Cœlé-Syrie, la Silicie, la Pamphylie, la Lycie, la Carie, la Phrygie, la Mysie et la Lydie ; il ajouta encore a ces conquêtes la Troade, la Phrygie sur l’Hellespont , la Propontide, la Bithynie, la Cappadoce et les nations barbares qui habitent le Pont jusqu’au Tanaîs. Il se rendit aussi maître du pays des Cadusiens (1) , des Tapyrs, des Hyrcaniens, des Drangiens (2), des Derbices, des Carmaniens, des Choromnéens, des Borcaniens (3) et des Parthes. Il pénétra jusque dans la Perse , dans la Susiane et dans la région Caspienne où se trouvent les délilés connus sous le nom de Portes Caspiennes (4). Il réduisit encore bien d’autres peuples de moindre importance et dont nous ne parlerons point. Quant à la Bactriane, contrée d’un accès difficileficile et peuplée de guerriers, après plusieurs tentatives inutiles, il ajourna la guerre , ramena sa troupe dans la Syrie (5) et choisit un emplacement convenable pour fonder une grande ville.

III. Après avoir, par l’éclat de sa victoire, effacé ses prédécesseurs, il conçut le dessein de construire une ville si considérable que non-seulement elle devait surpasser toutes les autres villes

(1) Les historiens grecs écrivent indifféremment Kadousioi , Cadusiens . et Kaddousioi, Caddusíem ( Polybe , V, 44 et 79). (2) Peuple de la Perse (Strubon , liv. XVI ). (3) Les Borcaniens habitaient sur les frontières de I’Hyrcanie. (Voy. Ctésias dans les Extraits de Photius, p. 110. ) , (4) ll y avait deux tribus caspiennes, l'une habitait à l'ouest, dans le voisinage de la mer Caspienne ; l’autre était limitrophe de la Parthie. C'est sur le Territoire do cette dernière tribu qu’étaient situées les Kaspiai pilxi, Portes Caspiennes. (Voy. Dionys. Perieget. , 1039, et Strabon, liv. XI.) (5) ll faut se rappeler ici que les anciens donnaient souvent le nom de Syrie à tout le pays qui s’étend depuis la Babylonie jusqu’au golfe D'Issus.