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Page:Diodore de Sicile - Bibliothèque historique, Delahays, 1851.djvu/299

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ayant reconnu son erreur, il fut très affligé de l’excès de son infortune. Pendant que tout le monde prenait part à ses malheurs, il se tint longtemps tranquillement dans sa maison, fuyant la société et la rencontre des hommes. Le temps ayant calmé sa douleur, Hercule se rendit auprès d’Eurysthée dans le dessein d’affronter tous les périls.

Son premier travail fut de tuer le lion de Némée. Cet animal était d’une grandeur monstrueuse, et comme il était invulnérable par le fer, l’airain, et les pierres, il fallait nécessairement employer la force des bras pour le dompter. Ce lion vivait dans le pays qui est situé entre Mycènes et Némée, auprès d’une montagne appelée Trétos, c’est-à-dire perforée. Au pied de cette montagne, il y avait une vaste caverne où l’animal avait établi son gîte ordinaire1. Hercule y vint l'attaquer; mais le lion s’enfuit dans sa retraite. Hercule l’y suivit; après avoir bouché l’entrée, il le combattit corps à corps, et, lui serrant le cou avec ses deux mains, il l’étrangla. Il s’enveloppa de la peau de cet animal qui était immense, et s’en servit, par la suite, comme d’une arme défensive.

Le second travail consista à tuer l’hydre de Lerne. Ce monstre portait dans un seul corps cent cous, surmontés d’autant de têtes de serpent. Si l’une était coupée, aussitôt une tête double poussait à sa place2. C’est pourquoi ce monstre passait pour invincible : une partie enlevée apportait donc un double secours. Pour surmonter cette difficulté, Hercule se servit d’un artifice : il commanda a Iolaüs de brûler avec un flambeau la partie coupée, afin d’empêcher le sang de couler. Après avoir ainsi dompté le monstre, il trempa les pointes des flèches dans son fiel, afin que chaque trait lancé engendrât des plaies incurables.

1 Le lion de Némée avait été nourri par la Lune(Ælien, Hist. an., XII, 7) ; Hygin., fab. XXX = Leonem Nemeum, quam Luna nutrierat, in antro Amphitreto Atrotum necavit.

2 Ceci est très poétiquement décrit par Ovide ( Métamorph., IX, 70 ) :
Vulneribus fœeunda suis rat illa: nec ullum
De Centum numero caput est impune recisum.
Quin gemino cervix herede valentior esset.