Page:Diogène Laërce - Vies - tome 2.djvu/302

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injures avec plus de soin qu’un incendie, & qu’un peuple doit combattre pour ses loix comme pour ses murailles. Il reprit aigrement les Ephésiens sur ce qu’ils avoient chassé son ami Hermodore.

Ils sont dignes, disoit-il, qu’on les mette à mort dès l’âge de puberté, & qu’on laisse leur ville à des enfans, eux qui ont été assez lâches pour en chasser Hermodore leur bienfaiteur, en se servant de ces expressions : Que personne ne mérite notre reconnoissance, & si quelqu’un nous rend jusque-là redevables envers lui, qu’il aille vivre ailleurs & avec d’autres.

On dit même que requis par ses concitoyens de leur donner des Loix, Héraclite rejetta leur demande avec mépris, parce qu’une mauvaise police avoit déjà corrompu la ville. S’en étant allé du côté du Temple de Diane, il s’y mit à jouer avec des enfants. De quoi vous étonnez-vous, gens perdus de mœurs ? dit-il à ceux qui l’examinoient. Ne vaut-il pas mieux s’amuser de cette façon que partager avec vous l’administration des affaires publiques ? À la fin il devint si misanthrope, qu’il se retira dans les montagnes, où il passoit sa vie, ne se nourrissant que d’herbes & de racines. Il en contracta une hydropisie, qui l’obligea de revenir en ville, où il demanda énygmatiquement aux médecins s’ils pourroient bien changer la pluie en sécheresse ? Ils ne le comprirent point ; de sorte qu’il entra dans un