Page:Diogène Laërce - Vies - tome 2.djvu/38

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prié, ce Philosophe de lui envoyer du vin, & en même temps des figues, Platon lui fit porter une cruche pleine de vin : sur quoi Diogène lui dit, Si l’on vous demandait combien font deux & deux, vous répondriez qu’ils font vingt. Vous ne donnez point suivant ce qu’on vous demande, & vous ne répondez point suivant les questions qu’on vous fait, voulant par-là le taxer d’être grand parleur. Comme on lui demandait dans quel endroit de la Grèce il avoit vu les hommes les plus courageux, Des hommes ?dit-il je n’en ai vu nulle part ; mais j’ai vu des enfants à Lacédémone[1]. Il traitait une matière sérieuse, & personne ne s’approchait pour l’écouter. Voyant cela, il se mit à chanter ; ce qui ayant attiré beaucoup de gens autour de lui, il leur reprocha, qu’ils recherchoient avec soin ceux qui les amusoient de bagatelles, & qu’ils n’avoient aucun empressement pour les choses sérieuses.Il disoit aussi, qu’on se disputait bien à qui saurait le mieux faire des fosses & ruer[2] ; mais non pas à qui se rendrait le meilleur & le plus sage. Il admirait les Grammairiens, qui recherchoient avec soin quels avoient été les malheurs d’Ulysse, & ne connaissoient pas leurs propres maux ; les Musiciens, qui accordoient soigneusement les

  1. Cela regarde le courage des enfants, qui se faisoient battre à l’envi devant l’autel de Diane. Ménage.
  2. Cela porte sur les jeux de combats, où l’on se donnait des coups de pied, & où l’on faisait des fosses pour les vaincus. Ménage.