Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/18

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de Laërte est épicurien et même il est aussi exclusif dans son admiration pour Épicure que le permettent les tendances éclectiques de son époque. S’il lui arrive quelquefois de mettre en avant des maximes qu’Épicure n’eût pas avouées, c’est que le versificateur, entraîné par la nécessité de l’épigramme et le besoin d’aiguiser une pointe, impose silence au philosophe. « Je joindrai, dit-il, (aux lettres d’Épicure) ses axiomes fondamentaux… afin que tu puisses te former de lui une idée nette, et me juger moi-même. » Plus loin : « Mettons maintenant le faîte à ce traité, et que la fin de l’œuvre soit le commencement de la félicité. » L’emphase de cette dernière phrase trahit sans nul doute un initié. D’un autre côté, l’importance attachée par lui aux dogmes épicuriens, dont il donne une exposition complète, l’adoption des formules admiratives en usage dans les jardins d’Épicure toutes les fois qu’il s’agit du maître, le soin qu’il prend de le mettre au-dessus de tous les philosophes, soit pour la sublimité de sa vie, soit pour l’étendue et l’originalité de ses productions, la vivacité avec laquelle il le défend contre ses nombreux détracteurs, tout dénote un sectateur dévoué et convaincu. La secte épicurienne, à l’en croire, est la seule qui se soit perpétuée sans interruption à travers les siècles. On peut même ajouter que l’enthousiasme presque dithyrambique avec lequel il en parle prouve que le temps n’avait rien changé aux habi-