Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/58

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s’être jamais écarté de la justice. Il disait cependant que sur un seul point il conservait des doutes : ayant à prononcer sur un de ses amis, dans une cause capitale, il avait voté conformément à la loi, mais en même temps il avait conseillé d’absoudre son ami, afin de ménager en même temps la loi et l’amitié. Ce qui le rendit surtout célèbre parmi les Grecs, c’est la prédiction qu’il fit au sujet de Cythère, île de Laconie : lorsqu’on lui eut dit la situation de cette île, il s’écria : « Plût aux dieux qu’elle n’eût jamais existé, ou qu’elle eût été engloutie dès le premier jour ! » Prédiction justifiée par l’événement ; car lorsque Démarate se fut enfui de Lacédémone, il conseilla à Xerxès de réunir ses vaisseaux autour de cette île ; et si Xerxès eût suivi cet avis, la Grèce était perdue. Plus tard Nicias en fit la conquête sur les Lacédémoniens, y établit une garnison athénienne et fit de là beaucoup de mal à ceux de Sparte.

Chilon avait une diction brève et serrée. C’est pour cela qu’Aristagoras de Milet donne à cette manière le nom de genre chilonien ; il dit aussi que c’était là la manière de Branchus, celui qui a bâti le temple des Branchides[1].

Chilon était déjà vieux vers la cinquante-deuxième olympiade, à l’époque où florissait Ésope le fabuliste. Hermippe dit qu’il mourut à Pise, en embrassant son fils vainqueur au pugilat dans les jeux olympiques. L’excès de la joie et l’épuisement de la vieillesse causèrent sa mort. Toute l’assemblée lui rendit les derniers devoirs avec de grands honneurs. J’ai composé à ce sujet l’épigramme suivante :

Brillant Pollux, je te rends grâce de ce que le fils de Chilon

  1. Quartier de Milet. — C’est le temple de Jupiter Didyméen.