Page:Dion Cassius - Histoire romaine, tome 1, 1889.djvu/30

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comme l'autruche. Plusieurs d'entre nous se mirent à rire; car sa menace produisit cet effet, bien loin d'inspirer de l'effroi : l'empereur les aurait tués à l'instant avec son épée, si je n'avais engagé ceux qui étaient près de moi à détacher de leur couronne des feuilles de laurier et à les mâcher, comme je mâchais les feuilles de la mienne; afin que le mouvement continuel de notre bouche l'empêchât d'avoir la preuve que nous avions ri[1]. »

Dans le récit du procès contre Apronianus, qui fut condamné, quoique absent, Dion mentionne une déposition relative à un sénateur chauve. Au risque de compromettre sa dignité personnelle, il dit naïvement : « Le témoin n'avait nommé personne, et Sévère n'avait écrit aucun nom. Aussi, ceux-là même qui jamais n'avaient mis les pieds chez Apronianus furent saisis de crainte. ce n'étaient pas seulement les chauves qui tremblaient, mais encore tous ceux dont le front seul était dépouillé de cheveux. Nul d'entre nous n'était tranquille, excepté ceux qui avaient une chevelure abondante. Nos regards se portaient vers les sénateurs chauves, et sur nos sièges circulaient sourdement ces paroles : C'est un tel ; - non, c'est tel autre. Je ne cacherai

  1. Liv LXXII, 21