Page:Dion Cassius - Histoire romaine, tome 1, 1889.djvu/38

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place dans leur siècle. Peut-être crut-il montrer la flexibilité de son talent, en parlant comme accusateur de l’un et de l’autre ? Après s’être inspiré des Philippiques contre Antoine, il se fit contre Cicéron l’écho des Anti-Philippiques[1], des Mémoires d’Octave, ou de l’histoire d’Asinius Pollion[2] : il obéit, non pas à la haine, mais à son goût pour la déclamation.

Ses accusations contre Sénèque ont été relevées avec amertume par les partisans de ce philosophe. Dion lui reproche[3] un commerce criminel avec Agrippine, des habitudes infâmes, une conduite en tout point contraire à ses maximes, la plus basse adulation pour Messaline et les af-

  1. Plutarque, Cic. XLI, fait mention de la réponse d’Antoine aux Philippiques.
  2. Dion n’a pas imité la prudente réserve de Plutarque, justement louée par M. J. V. Le Clerc, dans la préface de sa traduction de la vie de Cicéron : « Il avait entre les mains l’Histoire d’Asinius Pollion (Senec. Suasor, 7), guide peu sûr. si l’on en juge par la perfidie de ses protestations, au moment même où il ne songeait qu’à trahir (Epist. fam… X, 3l-33), et les Mémoires d’Octave (Suetone, Aug., ch. 85), d’où il paraît avoir tiré ce qu’il dit à la fin du chap. 45 sur le consulat demandé par Cicéron, et plus bas sur les efforts d’Octave pour faire effacer de la liste des proscrits le nom de celui qu’il avait appelé son protecteur et son père. Sans doute les récits d’Auguste et de Pollion devaient être lus avec défiance ; et lorsqu’on se rappelle quel usage en a fait Dion Cassius, ainsi que des déclamations et des libelles répandus par Antoine en Italie et dans tout l’Orient (Plut. ch. 41), on ne peut qu’admirer la fermeté d’esprit et la sagesse de critique dont Plutarque a fait preuve dans toute cette partie, où il n’était pas facile de démêler la vérité à travers tant de mensonges. » (Œuvres de Cicéron, t. l, 1re partie, p. 99-100 de l’édition in-18.)
  3. Liv. LXI, 10.