Page:Dion Cassius - Histoire romaine, tome 1, 1889.djvu/39

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

franchis de Claude, ses déclamations contre le luxe et les richesses, lorsqu’il avait cinq cents tables de bois de cèdre montées en ivoire, et sur lesquelles il prenait de délicieux repas ; lorsque sa fortune s’élevait à soixante-quinze millions de drachmes[1].

Le caractère de Sénèque a été, comme ses ouvrages, l’objet de jugements très-divers chez les anciens et chez les modernes. Au milieu des opinions les plus contradictoires, la vérité est difficile à saisir. Ses relations avec Agrippine ne reposent point sur des preuves irrécusables :

Suilius, qui les lui reproche dans Tacite[2], est un ennemi personnel, dont la malveillance a pu aller jusqu’à l’exagération ; mais si le sévère historien, qui s’est fait l’organe de ces imputations, ne se prononce pas ouvertement, il ajoute pourtant qu’elles trouvèrent de nombreux échos[3]. Elles étaient d’ailleurs autorisées par les mœurs de Sénèque : on se souvenait que ses liaisons avec Julie l’avaient fait exiler en Corse.

Après la chute de Messaline, rappelé par Agrippine qui avait épousé Claude, son oncle, il

  1. Οὐσίαν ἑπταϰισχιλίων ϰαὶ πένταϰοσίων μυριάδων ἐϰτήσατο ou trois cents millions de sesterces, comme dans Tacite, XIII, 42. Cf. Gronove, De Pecun. vet., IV, 11, p. 331.
  2. Annales, XIII. 42.
  3. Nec deerant, qui hæc iisdem verbis, aut versa in deterius Senecæ deferrent, I. 1., 43.