Page:Dire de l'abbé Sieyès sur la question du Veto royal, à la séance du 7 septembre 1789.djvu/10

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ſidérer le vœu national, comme s’il pouvoit être autre choſe que le vœu des Repréſentans de la Nation ; comme ſi la Nation pouvoit parler autrement que par ſes Repréſentans. Ici les faux principes deviennent extrêmement dangereux. Ils ne vont à rien moins qu’à couper, qu’à morceler, qu’à déchirer la France en une infinité de petites Démocraties, qui ne s’uniroient enſuite que par les liens d’une confédération générale, à-peu-près comme les 13 ou 14 États-Unis d’Amérique ſe ſont confédérés en Convention générale.

Ce ſujet mérite la plus ſérieuſe attention de notre part. La France ne doit point être un aſſemblage de petites Nations, qui ſe gouverneroient ſéparément en Démocraties ; elle n’eſt point une collection d’États ; elle eſt un tout unique, compoſé de parties intégrantes ; ces parties ne doivent point avoir ſéparément une exiſtence complète, parce qu’elles ne ſont point des tous ſimplement unis, mais des parties ne formant qu’un ſeul tout. Cette différence eſt grande ; elle nous intéreſſe eſſentiellement. Tout eſt perdu, ſi nous nous permettons de conſidérer les Municipalités qui s’établiſſent, ou les Diſtricts, ou les Provinces, comme autant de Républiques unies ſeulement ſous les rapports de force ou de protection commune. Au lieu d’une Adminiſtration générale, qui, partant d’un centre commun,