Page:Dire de l'abbé Sieyès sur la question du Veto royal, à la séance du 7 septembre 1789.djvu/11

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va frapper uniformément les parties les plus reculées de l’Empire ; au lieu de cette Légiſlation, dont les élémens fournis par tous les Citoyens ſe compoſent en remontant juſqu’à l’Aſſemblée Nationale, chargée ſeule d’interpréter le vœu général, de ce vœu qui retombe enſuite avec tout le poids d’une force irréſiſtible ſur les volontés elles-mêmes qui ont concouru à le former : nous n’aurons plus, dans l’intérieur du Royaume, hériſſé de barrières de toute eſpèce, qu’un chaos de Coutumes, de Réglemens, de prohibitions particulières à chaque localité. Ce beau pays deviendra odieux aux voyageurs et aux habitans. Mais mon intention ne peut pas être de vous préſenter les inconvéniens innombrables qui accableroient la France, ſi elle ſe transformoit jamais en une confédération de Municipalités ou de Provinces. Ce n’eſt point là, Meſſieurs, votre Projet : il ſuffit donc de remarquer que, ſi nous n’y prenons garde, les principes que nous paroiſſons adopter, aidés déjà par des circonſtances beaucoup trop influentes, pourroient bien nous mener à une ſituation politique qui n’eſt point dans nos vues, & dont nous aurions enſuite bien de la peine à ſortir.

En conſéquence de ces courtes réflexions, qu’il ſeroit inutile aujourd’hui d’étendre davantage, je crois qu’on pourroit demander dès-à-préſent, en forme d’amendement à la queſtion qui nous occupe,