Page:Dire de l'abbé Sieyès sur la question du Veto royal, à la séance du 7 septembre 1789.djvu/14

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à peine fait-on mettre à profit les facultés morales qui pourroient cependant devenir la ſource la plus féconde des plus véritables jouiſſances. Nous ſommes donc forcés de ne voir, dans la plus grande partie des hommes, que des machines de travail. Cependant vous ne pouvez pas refuſer la qualité de Citoyen, & les droits du civiſme, à cette multitude, ſans inſtruction, qu’un travail forcé abſorbe en entier. Puiſqu’ils doivent obéir à la Loi, tout comme vous, ils doivent auſſi, tout comme vous, concourir à la faire. Ce concours doit être égal.

Il peut s’exercer de deux manières. Les Citoyens peuvent donner leur confiance à quelques-uns d’entr’eux. Sans aliéner leurs droits, ils en commettent l’exercice. C’eſt pour l’utilité commune qu’ils ſe nomment des Repréſentans bien plus capables qu’eux-mêmes de connoître l’intérêt général, & d’interpréter à cet égard leur propre volonté.

L’autre manière d’exercer ſon Droit à la formation de la Loi, eſt de concourir ſoi-même immédiatement à la faire. Ce concours immédiat, eſt ce qui caractériſe la véritable démocratie. Le concours médiat déſigne le Gouvernement repréſentatif. La différence entre ces deux ſyſtêmes politiques eſt énorme.

Le choix entre ces deux méthodes de faire la Loi n’eſt pas douteux parmi nous.