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impôts, ce n’eſt pas non plus le veto Royal. Tous ces remèdes ſont pires que le mal ; c’eſt le Peuple qui en eſt toujours la véritable victime, & nous devons empêcher le Peuple d’être victime ; le moyen que nous cherchons conſiſte à réclamer la délégation extraordinaire du Pouvoir Conſtituant. Cette convention eſt en effet l’unique Tribunal où ces ſortes de plaintes puiſſent être portées. Cette marche paroît ſi ſimple & ſi naturelle, tant en principe qu’en convenance, que je crois inutile d’inſiſter davantage ſur ce véritable moyen d’empêcher qu’aucun des Pouvoirs publics n’empiète ſur les droits d’un autre. On remarque ſans doute qu’au moins cette eſpèce de veto eſt impartial ; je n’en fais pas un privilège excluſif pour les Miniſtres, il eſt ouvert, comme il doit l’être, à toutes les parties du Pouvoir public.

Je viens de prouver que la Conſtitution du Pouvoir exécutif & la Prérogative royale n’ont rien à craindre des décrets du Pouvoir législatif, & que ſi les différens pouvoirs ſe mettent à uſurper l’un ſur l’autre, le vrai remède à ce déſordre public n’eſt point le veto Royal, mais un véritable appel au pouvoir conſtituant dont la partie léſée a droit, alors, de demander la Convocation ou la délégation nationale. Permettez moi d’ajouter, en paſſant, que cette Convocation extraordinaire ne peut être