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Mais enfin, direz-vous encore, la précipitation & l’erreur ne ſont pas impoſſibles dans les opérations du Corps légiſlatif Il eſt vrai, & quoique ce danger ſoit infiniment plus rare que dans le miniſtère même le mieux compoſé, il eſt néanmoins bon de s’en garantir autant qu’on le peut.

Dès qu’on ne me préſente plus le veto ſuſpenſif que comme un moyen de diminuer en faveur de la Nation les chances d’erreur dans les délibérations de ſes Repréſentans, loin de m’y oppoſer, je l’adopte de grand cœur ; mais il faut me donner un veto qui ait véritablement ce caractère ; il faut le placer dans les mains qui doivent le manier le plus avantageuſement pour le Peuple. Par exemple, lorſqu’il eſt néceſſaire de faire ou de réformer une Loi, comment me prouvera-t-on qu’il puiſſe être utile au Peuple d’en renvoyer la réviſion ou le nouvel examen à un an, ou deux ans ? Ce n’eſt point là une ſuſpenſion utile. Pourquoi la prolonger au-delà du terme néceſſaire ? Eſt-ce que dans ce long intervalle il ſeroit indifférent de ſe paſſer d’une bonne Loi, ou d’être tourmenté par une mauvaiſe ?

On prétend que les mêmes perſonnes peuvent tenir, mal-à-propos, à leurs premières idées, & qu’il faut attendre de nouveaux Députés. Je répondrai d’abord, que ce n’eſt pas toujours mal-à-propos que