Page:Dire de l'abbé Sieyès sur la question du Veto royal, à la séance du 7 septembre 1789.djvu/29

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
27

ſortiroit de la place que la nature des choſes lui a deſtinée dans la Légiſlature elle-même. Le premier qui, en méchanique, fit uſage du régulateur, ſe garda bien de le placer hors de la machine dont il vouloit modérer le mouvement trop précipité. D’ailleurs, nous avons prouvé, nous avons reconnu plus haut que le droit d’empêcher ou de ſuſpendre n’eſt ſouvent que le droit de faire ; qu’il répugne de vouloir les ſéparer ; & que, ſur-tout, il ne faut, dans aucun cas, en confier l’uſage au Pouvoir exécutif.

En le faiſant donc exercer d’une manière naturelle par les différentes ſections de l’Aſſemblée légiſlative elle-même, nous n’ôtons rien aux droits du Chef de la Nation. Il aura ſur ce veto la même influence que ſur la Loi ; &, dans mes idées, c’eſt toujours lui qui eſt cenſé la prononcer au milieu de nous.

Il eſt vrai que ceux qui cherchent dans le veto autre choſe que l’intérêt public, autre choſe que ſes avantages ; ceux qui, au lieu de conſulter les vrais beſoins d’un établiſſement, dans ſa nature même, cherchent toujours, hors de leur ſujet, des copies à imiter, ne voudront pas reconnoître dans le veto naturel que j’indique celui qu’ils ont dans leurs vues. Mais dès que nous ſerons aſſurés d’avoir établi tout ce qu’exige l’intérêt de la Nation, & par conſéquent l’intérêt du Roi, eſt-il permis d’aller plus loin ?