Page:Dire de l'abbé Sieyès sur la question du Veto royal, à la séance du 7 septembre 1789.djvu/30

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Oppoſera-t-on enfin, que malgré toutes nos précautions, il n’eſt pas abſolument impossible que l’erreur ſe gliſſe dans un Décret de la Légiſlature ; je répondrai en dernier réſultat, que j’aime mieux dans ce cas infiniment rare, laiſſer l’erreur à réformer au Corps légiſlatif lui-même, dans les Sessions ſuivantes, que d’admettre dans la machine légiſlative un rouage étranger, avec lequel on ſuſpendra arbitrairement l’action de ſon reſſort.

Avant de finir, je dirai un mot ſur la Permanence de l’Aſſemblée Nationale, non pour en prouver la néceſſité ; elle eſt trop impérieuſement commandée par les principes, par les circonſtances, par les plus puiſſantes conſidérations, pour craindre qu’elle n’ait pas en ſa faveur, à-peu-près, l’unanimité des ſuffrages. Je me permettrai ſeulement d’obſerver que ceux-là ſe trompent, à mon avis, qui veulent renouveler tous les Membres de la législature à chaque ſeſſion. Il faut éviter avec ſoin tout ce qui tend à établir l’Ariſtocratie ; mais quand on a pris des précautions plus que ſuffiſantes, il ne faut pas qu’une peur chimérique nous faſſe tomber dans le malheur très-réel de ne faire les Lois que par ſaccades ; il ne faut pas rendre impoſſible cette identité de principes, & cette uniformité d’eſprit qui doit ſe trouver dans toute bonne législation. Enfin, il