les mêmes résultats ; et en effet, pour peu que l’on réfléchisse sur les fragmens qui nous restent des traditions égyptiennes et chaldéennes, on s’aperçoit qu’elles n’étaient pas plus historiques que celles des Indiens.
Pour juger de la nature des chroniques que les prêtres égyptiens
prétendaient posséder, il suffit de rappeler les extraits qu’ils en ont donnés eux-mêmes en différens temps, et à des personnes différentes.
Ceux de Saïs, par exemple, disaient à Solon, environ cinq cent cinquante ans avant Jésus-Christ, que l’Egypte n’étant point sujette
aux déluges, ils avaient conservé, non seulement leurs propres annales, mais celles des autres peuples ; que la ville d’Athènes et celle
de Saïs avaient été construites par Minerve, la première depuis neuf
mille ans, la seconde seulement depuis huit mille ; et à ces dates ils
ajoutaient les fables si connues sur les Atlantes, sur la résistance que
les anciens Athéniens opposèrent à leurs conquêtes, ainsi que toute
la description romanesque de l’Atlantide[1] ; description où se trouvent
des faits et des généalogies semblables à celles de tous les romans
mythologiques.
Un siècle plus tard, vers quatre cent cinquante, les prêtres de Memphis firent à Hérodote des récits tout différens[2]. Menés, premier
roi d'Égypte, avait construit selon eux Memphis, et renfermé le Nil
dans des digues, comme si de pareilles opérations étaient possibles
au premier roi d’un pays. Depuis lors ils avaient eu trois cent trente
autres rois jusqu’à Mœris, qui régnait selon eux neuf cents ans avant
l’époque où ils parlaient (mille trois cent cinquante ans avant Jésus-Christ).
Après ces rois vint Sésostris, qui poussa ses conquêtes jusqu’à la Colchide[3] ; et au total il y eut, jusqu’à Sethos, trois cent