Page:Discours sur les révolutions de la surface du globe, et sur les changemens qu'elles ont produits dans le règne animal.djvu/117

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monde ne doit être que de douze mille ans : ainsi il ne peut être encore bien ancien. L’apparition du Cayoumortz (l’homme taureau, le premier homme) est précédée de la création d’une grande eau[1].

Du reste il serait aussi inutile de demander aux Parsis une histoire sérieuse pour les temps anciens qu’aux-autres Orientaux ; les Mages n’en ont pas plus laissé que les Brames ou les Chaldéens. Je n’en voudrais pour preuve que les incertitudes sur l’époque de Zoroastre. On prétend même que le peu d’histoire qu’ils pouvaient avoir, ce qui regardait les Achéménides, les successeurs de Cyrus jusqu’à Alexandre, a été altéré-exprès, et d’après un ordre officiel d’un monarque Sassanide[2].

Pour retrouver des dates authentiques du commencement des Empires, et des traces du grand cataclisme, il faut donc aller jusqu’au-delà des grands déserts de la Tartarie. Vers l’orient et vers le nord habite une autre race, dont toutes les institutions, tous les procédés diffèrent autant des nôtres que sa figure et son tempérament. Elle parle en monosyllabes ; elle écrit en hiéroglyphes arbitraires ; elle n’a qu’une morale politique sans religion, car les superstitions de Fo lui sont venues des Indiens. Son teint jaune, ses joues saillantes, ses yeux étroits et obliques, sa barbe peu fournie la rendent si différente de nous, qu’on est tenté de croire que ses ancêtres et les nôtres ont échappé à la grande catastrophe par deux côtés différens ; mais quoi qu’il en soit, ils datent leur déluge à peu près de la même époque que nous.

Le Chiouking est le plus ancien des livres des Chinois[3] ; on assure qu’il fut rédigé par Confucius avec des lambeaux d’ouvrages antérieurs, il y a environ deux mille deux cent cinquante-cinq ans. Deux cents ans plus tard arriva, dit-on, la persécution des lettrés et la destruction des livres sous l’empereur Chi-Hoangti, qui voulait détruire les traces du gouvernement féodal établi sous la dynastie antérieure à la sienne. Qua-

  1. Zendavesta d’Anquetil, tome II, page 354.
  2. Mazoudi, ap. Sacy, manuscrits de la Bibliothèque du Roi, tome VIII, page 161.
  3. Voyez la préface de l’édition du Chouking, donnée par M. de Guignes.