Page:Discours sur les révolutions de la surface du globe, et sur les changemens qu'elles ont produits dans le règne animal.djvu/119

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

noise ? Les idées de peuples qui ont eu si peu de rapports ensemble, dont la langue, la religion, les lois n’ont rien de commun, s’accorderaient-elles sur ce point si elles n’avaient la vérité pour base ?

Nous ne demanderons pas de dates précises aux Américains, qui n’avaient point de véritable écriture, et dont les plus anciennes traditions ne remontaient qu’à quelques siècles avant l’arrivée des Espagnols ; et cependant l’on croit encore apercevoir des traces d’un déluge dans leurs grossiers hiéroglyphes. Ils ont leur Noé ou leur Deucalion, comme les Indiens, comme les Babyloniens, comme les Grecs[1].

La plus dégradée des races humaines, celle des nègres, dont les Formes s’approchent le plus de la brute, et dont l’intelligence ne s’est élevée nulle part au point d’arriver à un gouvernement régulier, ni à la moindre apparence de connaissances suivies, n’a conservé nulle part d’annales ni de tradition. Elle ne peut donc nous instruire sur ce que nous cherchons quoique tous ses caractères nous montrent clairement qu’elle a échappé à la grande catastrophe sur un autre point que les races caucasique et altaïque, dont elle était peut-être séparée depuis long-temps quand cette catastrophe arriva.

Mais, dit-on, si les anciens peuples ne nous ont pas laissé d’histoire, leur longue existence en corps de nation n’en est pas moins attestée par les progrès qu’ils avaient faits dans l’astronomie ; par des observations dont la date est facile à assigner, et même par des monumens encore subsistans, et qui portent eux-mêmes leurs dates.

Ainsi la longueur de l’année, telle que les Égyptiens sont supposés l’avoir déterminée d’après le lever héliaque de Sirius, se trouve juste pour une période comprise entre l’année trois mille et l’année mille avant Jésus-Christ, période dans laquelle tombent aussi les traditions de leurs conquêtes et de la grande prospérité de leur empire. Cette justesse prouve à quel point ils avaient porté l’exactitude de leurs observations, et Fait sentir qu’ils se livraient depuis long-temps à des travaux semblables.

  1. Voyez l’excellent et magnifique ouvrage de M. de Humboldt, sur les monumens mexicains.