Page:Discours sur les révolutions de la surface du globe, et sur les changemens qu'elles ont produits dans le règne animal.djvu/121

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Ils prirent pour point de départ de cette période, qu'ils appelèrent année sothiaque ou grande année, une année civile, dont le premier jour était ou avait été aussi celui d’un lever héliaque de Sirius ; et l’on sait, par le témoignage positif de Censorin, qu'une de ces grandes années avait pris fin en cent trente-huit de Jésus-Christ[1] : par conséquent elle avait commencé en mille trois cent vingt-deux avant Jésus-Christ, et celle qui l’avait précédée en deux mille sept cent quatre-vingt-deux. En effet, par les calculs de M. Ideler, on reconnaît que Sirius s’est levé héliaquement le 20 juillet de l’année julienne cent trente-neuf, jour qui répondait cette année-là au premier de Thot ou au premier jour de l’année sacrée égyptienne[2].

Mais non-seulement la position du soleil, par rapport aux étoiles de l’écliptique, ou l’année sidérale, n’est pas la même que l’année tropique, à cause de la précession des équinoxes; l’année héliaque d’une étoile, ou la période de son lever héliaque, surtout lorsqu’elle est éloignée de l’écliptique, diffère encore de l’année sidérale, et en diffère diversement selon les latitudes des lieux où on l’observe. Ce qui est assez singulier cependant, et ce que déjà Bainbridge[3] et le père Petau[4] ont fait observer[5], il est arrivé, par un concours remarquable dans les positions, que sous la latitude de la Haute-Egypte, à une certaine-époque et pendant un certain nombre de siècles, l’année de Sirius était réellement, à très-peu de chose près, de trois cent soixante-cinq jours et un quart ; en sorte que le lever héliaque de cette étoile revint en effet au même jour de l’année julienne, au 20 juillet, en 1322 avant et en 138 après Jésus-Christ[6].

  1. Tout ce système est développé par Censorin : de Die natali, cap. XVM et XXI.
  2. Ideler. Recherches historiques sur les observations astronomiques des anciens, traduction de M. Halma, à la suite de son Canon de Ptolomée, pages 32 et suivantes.
  3. Bainbridge. Canicul.
  4. Petau. Yar. Diss., lib. V, cap. VI, page 108.
  5. Voyez aussi La Nauze, sur l’année égyptienne, Académie des Belles-Lettres, tome XIV, page 346 ; et le mémoire de M. Fourier, dans le grand ouvrage sur l'Égypte, Mém., t. I, page 803.
  6. Petau, loc. cit. M. Ideler affirme que cette rencontre du lever héliaque de Sirius eut aussi lieu en 2782 avant Jésus-Christ (Recherches historiques dans le Ptolomée de M. Hal-