Page:Discours sur les révolutions de la surface du globe, et sur les changemens qu'elles ont produits dans le règne animal.djvu/122

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De cette coïncidence effective, à cette époque reculée, M. Fourier, qui a constaté tous ces rapports par un grand travail et par de nouveaux calculs, conclut que puisque la longueur de l’année de Sirius était si parfaitement connue des Égyptiens il fallait qu’ils l’eussent déterminée sur des observations faites pendant long-temps et avec beaucoup d’exactitude, observations qui remontaient au moins à deux mille cinq cents ans avant notre ère, et qui n’auraient pu se faire ni beaucoup avant, ni beaucoup après cet intervalle de temps[1],

Certainement ce résultat serait très-frappant si c’était directement et par des observations faites sur Sirius lui-même qu’ils eussent fixé la longueur de l’année de Sirius ; mais des astronomes expérimentés affirment qu’il est impossible que le lever héliaque d’une étoile ait pu Servir de base à des observations exactes sur un pareil sujet, surtout dans un climat où le tour de l'horizon est toujours tellement chargé de vapeurs, que dans les belles nuits on ne voit jamais d’étoiles à quelques degrés au-dessus de l'horizon, dans les seconde et troisième grandeurs, et que le soleil même, à son lever et à son coucher, se trouve entièrement déformé[2]. Ils soutiennent que si la longueur de l’année n’eût pas été reconnue autrement, on aurait pu s’y tromper d’un et de deux jours[3]. Ils ne doutent donc pas que cette durée de trois cent soixante-cinq jours un quart ne soit celle de l’année tropique, mal déterminée par l’observation de l’ombre ou par celle du point où le soleil se levait chaque jour, et identifiée par ignorance avec l’année héliaque de Sirius ; en sorte que

    ma, tome IV, page 37). Mais pour l’année julienne 1598 de Jésus-Christ, qui est aussi la dernière d’une grande année, le père Petau et M. Ideler diffèrent beaucoup entre eux. Celui-ci met le lever héliaque de Sirius au 22 juillet ; le premier le place au 19 ou au 20 d’août.

  1. Voyez, dans le grand ouvrage sur l’Égypte, Antiquités, Mémoires, tome 1, page 803, l’ingénieux Mémoire de M. Fourier, intitulé Recherches sur les sciences et le gouvernement de l’Égypte.
  2. Ce sont les expressions de feu Nouet, astronome de l’expédition d’Égypte. Voy. Volney, Recherches nouvelles sur l’histoire ancienne, tome III.
  3. Delambre. Abrégé d’Astronomie, page 217 ; et dans sa note sur les paranatellons, Histoire de l’Astronomie du moyen âge, page lij.