Comment enfin Ptolomée, qui écrivait en Égypte, n’aurait-il daigné se servir d’aucune des observations des Egyptiens[1]?
Il y a plus, c’est qu’Hérodote, qui a tant vécu avec eux, ne parle nullement de ces six heures qu’ils ajoutaient à l’année sacrée, ni de cette grande période sothiaque qui en résultait 5 il dit au contraire positivement que, les Egyptiens faisant leur année de trois cent soixante-cinq jours, les saisons reviennent au même point, en sorte que de son temps on ne paraît pas encore s’être douté de la nécessité de ce quart de jour[2]. Thalès, qui avait visité les prêtres d’Égypte moins d’un siècle avant Hérodote, ne fit aussi connaître à ses compatriotes qu'une année de trois cent soixante-cinq jours seulement[3] ; et si l’on réfléchit que les colonies sorties de l’Égypte quatorze ou quinze cents ans avant Jésus-Christ, les Juifs, les Athéniens, en ont toutes apporté l’année lunaire, on jugera peut-être que l’année de trois cent soixante-cinq jours elle-même n’existait pas encore en Égypte dans ces siècles reculés.
Je n’ignore pas que Macrobe[4] attribue aux Egyptiens une année solaire de trois cent soixante-cinq jours un quart ; mais cet auteur récent comparativement, et venu long-temps après l’établissement de l’année fixe d’Alexandrie, a pu confondre les époques. Diodore[5] et Strabon[6] ne donnent une telle année qu’aux Thébains : ils ne disent pas qu’elle fût d’un usage général, et eux-mêmes ne sont venus que long-temps après Hérodote.
Ainsi l’année sothiaque, la grande année, a dû être une invention assez récente, puisqu’elle résulte de la comparaison de l’année civile avec cette prétendue année héliaque de Sirius ; et c’est pourquoi il n’en est parlé que dans des ouvrages du second et du troisième