Page:Discours sur les révolutions de la surface du globe, et sur les changemens qu'elles ont produits dans le règne animal.djvu/134

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Le savant astronome M. Burkard, d’après un premier aperçu, jugea qu’à Dendera le solstice est dans le lion ; par conséquent de deux signes moins reculé qu’aujourd’hui, et que le temple a au moins quatre mille ans[1].

Il en donnait en même temps sept mille à celui d’Esné, sans que l’on sache trop comment il entendait faire accorder ces nombres avec ce que l'on connaît de la précession des équinoxes.

Feu Lalande, voyant que le cancer était répété sur les deux bandes, imagina que le solstice passait au milieu de cette constellation ; mais comme c’était ce qui avait lieu dans la sphère d’Eudoxe, il conclut que quelque Grec pouvait avoir représenté cette sphère au plafond d’un temple égyptien, sans savoir qu’il représentait un état du ciel qui depuis long-temps n’existait plus[2]. C’était, comme on voit, une conséquence bien contraire à celle de M. Burkard.

Dupuis, le premier, crut nécessaire de chercher des preuves de cette idée, en quelque sorte adoptée de confiance, qu’il s’agissait du solstice ; il les vit, pour le grand zodiaque de Dendera, dans ce globe au sommet de la pyramide et dans plusieurs emblèmes placés près de différens signes, et qui tantôt, selon d’anciens auteurs, comme Plutarque, Horus-Apollo ou Clément d’Alexandrie, tantôt selon ses propres conjectures, devaient représenter des phénomènes qui auraient été réellement ceux des saisons affectées à chaque signe.

Du reste, il soutint que cet état du ciel donne la date du monument, et que l’on avait à Dendera l’original et non pas une copie de la sphère d’Eudoxe; ce qui le conduisit à mille quatre cent soixante-huit ans avant Jésus-Christ, au règne de Sésostris.

Cependant, ce nombre de dix-neuf bateaux placés sous chaque bande lui donna l’idée que le solstice pourrait bien avoir été au dix--

  1. Description des pyramides de Gizé, par M. Grobert, page 117.
  2. Connaissance des temps pour l’an XIV