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Ce sont des reptiles à queue très-courte, à cou très-long, à museau fort allongé et armé de dents aiguës, portés sur de hautes jambes, et dont l’extrémité antérieure a un doigt excessivement allongé, qui portait vraisemblablement une membrane propre à les soutenir en l’air, accompagné de quatre autres doigts de dimension ordinaire terminés par des ongles crochus. L’un de ces animaux étranges, et dont l’aspect serait effrayant si on les voyait aujourd’hui, pouvait être de la taille d’une grive[1] ; l’autre, de celle d’une chauve-souris commune[2] ; mais il paraît, par quelques fragmens, qu’il en existait des espèces plus grandes[3].

Un peu au-dessus des schistes calcaires est le calcaire presque homogène des crêtes du Jura. Il contient aussi des os, mais toujours de reptiles ; des crocodiles et des tortues d’eau douce, dont il offre surtout une grande abondance aux environs de Soleure. Ils y ont été recherchés avec beaucoup de soin par M. Hugi ; et, d’après les fragmens qu’il a déjà recueillis, il est aisé de reconnaître un nombre considérable d’espèces de tortues d’eau douce ou émydes, que des découvertes ultérieures pourront seules faire déterminer, mais dont plusieurs se distinguent déjà par leur grandeur et par leurs formes, de toutes les émydes connues[4].

C’est parmi ces innombrables quadrupèdes ovipares, de toutes les tailles et de toutes les formes ; au milieu de ces crocodiles, de ces tortues, de ces reptiles volans, de ces immenses mégalosaurus, de ces monstrueux plésiosaurus, que se seraient montrés, dit-on, pour la première fois, quelques petits mammifères ; il est certain que des mâchoires et quelques autres os découverts en Angleterre appartiennent à cette classe, et spécialement à la famille des didelphes ou à celle des insectivores.

On pourrait soupçonner cependant que les pierres qui les incrus-

  1. Voyez mes Recherches sur les ossemens fossiles", tome V, deuxième partie, pages 358 et suivantes.
  2. Ibid., pag. 376.
  3. Ibid., page 380.
  4. Ibid., page 225.