Page:Discours sur les révolutions de la surface du globe, et sur les changemens qu'elles ont produits dans le règne animal.djvu/172

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On ignore encore quelle est la forme de leur museau et le nombre de leurs doigts. J’en ai découvert jusqu’à douze espèces, toutes de France, ensevelies dans des pierres marneuses formées dans l’eau douce, et remplies de limnées et de planorbes qui sont des coquilles d’étang et de marais.

La plus grande se trouve près d’Orléans dans la même carrière que les palæotheriums ; elle approche du rhinocéros.

Il y en a dans le même lieu une autre plus petite ; une troisième se trouve à Montpellier ; une quatrième près de Laon ; deux près de Buchsweiler, en Alsace ; cinq près d’Argenton, en Berry ; et l’une des trois se retrouve près d’Issel, où il y en a encore deux autres. Il y en a aussi une très-grande près de Gannat[1].

Ces espèces diffèrent entre elles par la taille, qui dans les plus petites devait égaler à peine celle d’un agneau de trois mois ; et par des détails dans les formes de leurs dents qu’il serait trop long et trop minutieux d’exposer ici.

Les anoplotheriums ne se sont trouvés jusqu’à présent que dans les seules plâtrières des environs de Paris. Ils ont deux caractères qui ne s’observent dans aucun autre animal ; des pieds à deux doigts dont les métacarpes et les métatarses demeurent distincts et ne se soudent pas en canons comme ceux des ruminans, et des dents en série continue et que n’interrompt aucune lacune. L’homme seul a les dents ainsi contiguës les unes aux autres sans intervalle vide ; celles des anoplotheriums consistent en six incisives à chaque mâchoire ; une canine et sept molaires de chaque côté, tant en haut qu’en bas ; leurs canines sont courtes et semblables aux incisives externes. Les trois premières molaires sont comprimées ; les quatre autres sont, à la mâchoire supérieure, carrées avec des crêtes transverses et un petit cône entre elles ; et à la mâchoire inférieure en double croissant, mais sans collet à la base. La dernière a trois croissans. Leur tête

  1. Voyez mes Recherches sur les ossemens fossiles, tome II, première partie, pages. 177 et 218 ; tome III, pag 394 ; et tome IV, page 498.