Page:Discours sur les révolutions de la surface du globe, et sur les changemens qu'elles ont produits dans le règne animal.djvu/178

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espaces des chaînes plus élevées, où nous ne voyons pas que nos animaux aient laissé des traces.

Grâces aux recherches de M. Adolphe Brongniart, nous connaissons aussi la nature des végétaux qui couvraient ces terres peu nombreuses. On recueille, dans les mêmes couches que nos palæotheriums, des troncs de palmiers et beaucoup d’autres de ces belles plantes dont les genres ne croissent plus que dans les pays chauds ; les palmiers, les crocodiles, les trionyx, se retrouvent toujours en plus ou moins grand nombre là où se trouvent nos anciens pachydermes[1].

Mais la mer, qui avait recouvert ces terrains et détruit leurs animaux, laissa de grands dépôts qui forment encore aujourd’hui, à peu de profondeur, la base de nos grandes plaines ; ensuite elle se retira de nouveau, et livra d’immenses surfaces à une population nouvelle, à celle dont les débris remplissent les couches sablonneuses et limoneuses de tous les pays connus.

C’est à ce dépôt paisible de la mer que je crois devoir rapporter quelques cétacés fort semblables à ceux de nos jours : un dauphin voisin de notre épaulard[2], et une baleine[3] très-semblable à nos rorquals déterrés l’un et l’autre en Lombardie par M. Cortesi ; une grande tête de baleine trouvée dans l’enceinte même de Paris[4], et décrite par Lamanon et par Daubenton ; et un genre entièrement nouveau, que j’ai découvert et nommé ziphius, et qui se compose déjà de trois espèces. Il se rapproche des cachalots et des hypéroodons[5].

Dans la population qui remplit nos couches meubles et superficielles, et qui a vécu sur le dépôt dont nous venons de parler, il n’y a plus ni palæotheriums, ni anoplotheriums, ni aucun de ces genres singuliers.

  1. Voyez mes Recherches sur les ossemens fossiles, tome III, pages 351 et suivantes.
  2. Ibid., tome V, première partie, page 309.
  3. Ibid., page 390.
  4. Ibid., page 393.
  5. Ibid., pages 352 et 357.