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Les fentes des rochers de Gibraltar, de Cette, de Nice, d’Uliveto près de Pise, et d’autres lieux des bords de la Méditerranée, sont remplies d’un ciment rouge et dur qui enveloppe des fragmens de rocher et des coquilles d’eau douce avec beaucoup d’os de quadrupèdes, la plupart fracturés : c’est ce que l’on a nommé des brèches osseuses. Les os qui les remplissent offrent quelquefois des caractères suffisans pour prouver qu’ils viennent d’animaux inconnus au moins en Europe. On y trouve, par exemple, quatre espèces de cerfs, dont trois ont à leurs dents des caractères qui ne s’observent que dans les cerfs de l’Archipel des Indes.

Il y en a près de Vérone une cinquième dont les bois surpassent en volume ceux des cerfs du Canada[1].

On trouve aussi dans certains lieux, avec des os de rhinocéros et d’autres quadrupèdes de cette époque, ceux d’un cerf tellement semblable au renne, qu’il serait très-difficile de lui assigner des caractères distinctifs ; ce qui est d’autant plus extraordinaire, que les rennes sont aujourd’hui confinés dans les climats les plus glacés du Nord, tandis que tout le genre des rhinocéros appartient à la zone torride[2].

Il existe dans les couches dont nous parlons des restes d’une espèce fort semblable au daim, mais d’un tiers plus grande[3], et des quantités innombrables de bois très-ressemblans à ceux des cerfs d’aujourd’hui[4], ainsi que des os très-analogues à ceux de l’aurochs[5] et à ceux du bœuf domestique[6], deux espèces fort distinctes que les naturalistes qui nous ont précédés avaient mal à propos confondues. Cependant les têtes entières, semblables à celles de ces deux animaux, ainsi qu’à celle du bœuf musqué du Canada[7],

  1. Voyez mes Recherches sur les ossemens fossiles, tome IV, pages 168 à 225.
  2. Ibid, page 89.
  3. Ibid., page 94.
  4. Ibid., page 98.
  5. Ibid., page 140 ; et tome V, deuxième partie, page 509.
  6. Ibid., page 150 ; ibid., page 510.
  7. Ibid., tome IV, page 155.