Page:Discours sur les révolutions de la surface du globe, et sur les changemens qu'elles ont produits dans le règne animal.djvu/24

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trant en petit nombre et de distance en distance, parmi les dernières couches de ces terrains primitifs ou dans cette portion de l’écorce du globe que les géologistes ont nommée les terrains de transition. On y rencontre par-ci par-là des couches coquillières interposées entre quelques granits plus récens que les autres, parmi divers schistes et entre quelques derniers lits de marbres salins ; la vie qui voulait s’emparer de ce globe, semble dans ces premiers temps avoir lutté avec la nature inerte qui dominait auparavant ; ce n’est qu’après un temps assez long qu’elle a pris entièrement le dessus, qu’à elle seule a appartenu le droit de continuer et d’élever l’enveloppe solide de la terre.

Ainsi on ne peut le nier : les masses qui forment aujourd’hui nos plus hautes montagnes ont été primitivement dans un état liquide ; long-temps elles ont été recouvertes par des eaux qui n’alimentaient point de corps vivans ; ce n’est pas seulement après l’apparition de la vie qu’il s’est fait des changemens dans la nature des matières qui se déposaient : les masses formées auparavant ont varié, aussi bien que celles qui se sont formées depuis ; elles ont éprouvé de même des changemens violens dans leur position, et une partie de ces changemens avait eu lieu dès le temps où ces masses existaient seules, et n’étaient point recouvertes par les masses coquillières : on en a la preuve par les renversemens, par les déchiremens, par les fissures qui s’observent dans leurs couches, aussi bien que dans celles des terrains postérieurs, qui même y sont en plus grand nombre, et plus marqués.

Mais ces masses primitives ont encore éprouvé d’autres révolutions depuis la formation des terrains secondaires, et ont peut-être occasioné ou du moins partagé quelques-unes de celles que ces terrains eux-mêmes ont éprouvées. Il y a en effet des portions considérables de terrains primitifs à nu, quoique dans une situation plus basse que beaucoup de terrains secondaires ; comment ceux-ci ne les auraient-ils pas recouvertes, si elles ne se fussent montrées depuis qu’ils se sont formés? On trouve des blocs nombreux et volumineux de substances primitives, répandus en certains pays à la surface de