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Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/106

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regarda dedans, puis fourra de nouveau les mains dans ses poches, d’un geste désespéré.

« Elle n’y est plus, camarades, soupira-t-il d’un ton désolé. Ni déjeuner ni dîner !… Qu’allons nous faire ? Nous ne pouvons continuer notre voyage sans argent. Si nous étions à Amsterdam, je m’en procurerais facilement ; mais il n’y a pas à Haarlem une seule personne à qui je puisse décemment emprunter un stuiver. Aucun de vous ne connaît-il ici quelqu’un qui pourrait nous prêter quelques florins ? »

Les jeunes gens se regardèrent avec découragement. Une espèce de sourire fit bientôt le tour du cercle, mais il se changea en grimace en arrivant à Karl.

« Impossible, dit-il en colère, je connais pas mal de gens riches ici ; mais mon père m’administrerait une correction si je me permettais d’emprunter seulement un cent à aucun d’eux. Vous connaissez la devise qu’il a fait inscrire au-dessus de son pavillon d’été : « Un honnête homme ne fait pas de dettes. »

— Hum ! fit Peter qui n’était pas en situation d’admirer beaucoup pareille devise en ce moment. »

Il faut croire que cela creuse étonnamment l’estomac de n’avoir pas de quoi dîner. Les jeunes gens se sentirent tout à coup envahis par une faim dévorante.

« C’est ma faute, dit Jacob à Peter d’un ton de repentir. C’est moi qui ai dit : tous les participants du voyage mettront leur bourse entre les mains de Peter.

— Quelle bêtise, Jacob. Vous avez fait pour le mieux, vous. Je suis le seul coupable.

— Ce n’est pas le coupable qu’il faut chercher, c’est de l’argent, ou tout au moins une forte miche. »

Ben prononça ces mots d’un ton si gai, que les autres se sentirent tout à coup certains qu’il avait un plan à proposer pour remédier aux difficultés présentes.