Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/107

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« Quoi ? Quoi ? Qu’a-t-il à dire ? Si vous avez une idée, expliquez-vous tout de suite, Ben, s’écrièrent-ils tous à la fois.

— Des idées qu’on puisse faire cuire, des idées qu’on puisse grignoter, j’en manque absolument, » répondit Ben. Mais j’en ai une pourtant qui peut y suppléer. Nous n’avons pas de quoi manger : ne mangeons pas. Serrons nos ceintures, et pour une fois restons sur notre appétit. Il y en a d’autres que nous, et par centaines de mille en ce monde, qui n’ont pas plus que nous de quoi se mettre sous la dent. C’est bien le moins qu’on soit un peu philosophe quand on ne peut pas faire autrement.

— Est-ce là tout ? fit tristement le jeune Ludwig. Ben n’avait pas besoin de faire un si long discours pour ne dire que cela. Combien avons-nous perdu ?

— Ne le savez-vous pas ? répondit Peter. Nous avions mis chacun dix florins dans la bourse ; elle en contenait donc soixante. Je suis l’individu le plus stupide du monde. Le petit Schimmelpennick vous aurait fait un meilleur capitaine que moi. Je me battrais volontiers pour vous avoir causé un tel désappointement.

— Ne vous gênez pas, battez-vous, grommela Karl. Il nous faut de l’argent, Peter, ajouta-t-il, quand même vous devriez vendre votre merveilleuse montre…

— Vendre la montre de mon père, jamais ! s’écria Peter. Je vendrai mon habit, mon chapeau, n’importe quoi, pour réparer ma sottise, mais pas cette montre-là. Tenez-vous-le pour dit, Karl.

— Allons, allons, dit Jacob Poot avec bonne humeur, nous faisons aussi de cela une trop grande affaire. Ben avait raison, nous pouvons parfaitement retourner chez nous et recommencer le voyage dans un jour ou deux.

— Vous en parlez bien à votre aise, Poot, reprit Karl d’un ton aigre. Vous, Jacob, vous pouvez vous procurer