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Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/125

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Elles auraient chanté : « Certainement, il faut que cette petite se joigne à nous. » Et Katrinka serait partie en dansant, sans plus songer à l’affaire. Mais, grâce au diapason donné à cet incident par l’altière Rychie, la frivole jeune fille répétait aujourd’hui avec une sorte d’emphase que « c’était une véritable honte qu’on permît à une gardeuse d’oies, à une petite créature désolée comme Gretel, de concourir avec des jeunes personnes du meilleur monde, comme elles, et de gâter leur plaisir. Le moins qu’il en pût arriver, ce serait une tache disgracieuse dans un charmant tableau. »

Rychie, qui était riche et puissante (à la façon dont peut l’être une écolière), avait, outre Katrinka, ses courtisans qui partageaient ses opinions, les uns parce qu’ils étaient indifférents, les autres parce qu’ils étaient trop poltrons pour avoir une opinion à eux.

Pauvre petite Gretel ! Son intérieur était assez sombre et assez triste aujourd’hui ! Raff Brinker, tout gémissant, était étendu sur sa couche grossière, et sa femme oubliant, pardonnant tout, lui baignait les tempes et les lèvres, et priait en pleurant pour qu’il ne mourût pas.

C’était pendant ce temps-là que Hans, au désespoir, était sur la route de Leyde, afin de chercher le docteur Boekman et de l’engager à avancer la visite promise à son père, et à venir tout de suite, si cela était possible. Gretel, frissonnant d’une crainte indéfinissable, avait néanmoins fait de son mieux l’ouvrage de la maison. Elle avait balayé le sol de la chaumière composé de briques raboteuses, mis tout en ordre dans la chambre, empilé la tourbe pour l’entretien du feu, et fait fondre de la glace pour les besoins du ménage.

Tous ces devoirs accomplis, elle s’assit sur un petit banc tout près du lit, et supplia sa mère de dormir et de se reposer un peu :