Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/128

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tous avaient été cassés ; mais Hans les avait si bien raccommodés ! Puis lorsqu’elle eut parcouru de l’œil toutes les fissures, toutes les fentes calfatées par Hans, du mur vermoulu, elle regarda, elle admira une planche très-bien sculptée, toujours par son Hans. Cette planche, accrochée au mur, à une hauteur que Gretel ne pouvait atteindre, avait pour destination spéciale de supporter une grosse Bible couverte de cuir. C’était pour que le livre saint fût à l’abri, que Hans l’avait fixé si haut. La reliure avait des fermoirs de cuivre. C’était le présent de noces de la famille de Heidelberg à dame Brinker.

« Comme Hans est adroit ! se dit Gretel. S’il était ici, il arrangerait si bien le père dans son lit, qu’il cesserait de se plaindre. »

L’esprit de Gretel, allégé, se hasarda alors à sortir un peu de la chambre :

« Mon Dieu ! mon Dieu ! si cette maladie continue, nous ne pourrons plus jamais patiner, se dit l’enfant. Je serai obligée de renvoyer mes patins à la jolie demoiselle. Hans et moi nous ne verrons pas la course. »

Et les yeux de la petite fille s’humectèrent.

Il paraît que Gretel sans le vouloir avait, cette fois, parlé tout haut.

« Ne pleure pas, mon enfant, dit la mère dont les yeux se rouvrirent doucement, cette maladie n’est peut-être pas si dangereuse que nous le craignons. Le père a déjà été comme cela. »

Surprise dans le regret involontaire d’un plaisir auquel elle n’aurait pas dû penser, Gretel essaya d’étouffer un sanglot.

« Oh ! mère, ajouta-t-elle, je ne suis pas bonne et vous ne savez pas tout encore. Je suis bien, bien mauvaise ! J’ai quelquefois de mauvaises pensées.

— Vous, Gretel ! vous si patiente et si courageuse ! »