Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/130

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lorsque Ludwig l’eut rappelé à lui-même en lui disant en riant :

« Réveillez-vous donc. Vous rêvez tout éveillé, capitaine !

— Au fait, dit-il, tu as raison, Ludwig, j’étais loin d’ici. »

Et montrant le chemin aux jeunes gens :

« Prenons par-là, » leur dit-il.

Ils traversaient les rues de la ville, non sur une chaussée en dos d’âne, chose qui se voit rarement en Hollande, mais sur le chemin briqueté, s’allongeant à côté et à niveau de la route pierreuse réservée aux voitures.

Haarlem, comme Amsterdam, était plus brillant que d’habitude en l’honneur de saint Nicolas.

Un singulier personnage s’approchait d’eux. C’était un petit homme vêtu de noir et couvert d’un manteau court ; il avait la tête couverte d’une perruque et d’un chapeau à trois cornes, d’où pendait un long voile de crêpe.

« Qui vient là ? s’écria Ben. Quel drôle d’individu !

— C’est le aanspreker, répondit Lambert, il est sans doute mort quelqu’un dans une des maisons de la rue.

— Est-ce ainsi qu’on porte le deuil en ce pays ?

— Oh ! non. Le aanspreker assiste aux funérailles et a pour profession de prévenir auparavant les parents et les amis du défunt. La ville est trop petite pour nécessiter les billets de faire part ou les avis dans les journaux comme dans vos capitales. Mais tenez, voilà quelque chose qui m’indique que tout se compense en ce monde, et qu’un enfant est né très à propos pour remplir la place vide laissée par le défunt. »

Ben ouvrit les yeux : Comment le savez-vous ? demanda-t-il.

— Ne voyez-vous pas cette jolie pelote rouge appendue à cette porte là-bas ? demanda Lambert en manière de réponse.