Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/134

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grands hommes sur l’échoppe de ce savetier : Herman Boerhaave ! C’est un nom bien gros à porter pour un savetier. Serait-ce un descendant du grand homme ? »

Mais sans attendre la réponse, Ben avait hâté le pas en criant :

« Parbleu, voilà qui est singulier !

— De qui ou de quoi parlez-vous à présent ? lui dit Lambert. Votre esprit marche à la façon des kanguroos, Ben, on ne sait jamais quel bond il va faire.

— Avec votre permission, reprit Ben en riant, je parle de cette pancarte que je vois sur la porte en face. Ne la voyez-vous pas vous-même ? Trois ou quatre personnes la lisent en ce moment. J’ai déjà remarqué plusieurs de ces pancartes depuis que je suis ici, et cela m’intrigue.

— Ceci ? c’est un bulletin de santé. Il indique qu’il y a un malade dans la maison et a pour but d’empêcher qu’on ne frappe continuellement à la porte du malade. La famille écrit ce bulletin et l’accroche à la porte pour renseigner ses amis sur la marche de la maladie. C’est une mesure sensée et qui n’a rien d’étrange à mon sens. – Marchez plus vite, je vous prie, ou nous n’arriverons jamais.

— Comme on s’habille d’une façon comique ici ! Regardez donc ces hommes et ces femmes avec leurs chapeaux en pain de sucre. Avez-vous jamais rien vu de si drôle ? Sur ma parole, ils sont à peindre !

— Ce sont des paysans, répondit Lambert avec une certaine impatience. Aimez-vous mieux vos mendiantes anglaises avec leurs chapeaux fanés et fleuris et encore prétentieux de lady et leurs châles en loques, marchant pieds nus dans vos boues noires avec des airs de princesses tombées dans le ruisseau. Laissez la vieille Hollande tranquille ou bien fermez les yeux.