Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/157

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Lambert le gronda vertement.

« Je croyais que c’en était fait de vous, garçon imprudent, lui dit-il. Pourquoi ne faites-vous pas plus attention au chemin que vous prenez ? Non content de vous asseoir sur les genoux des vieilles femmes, vous vous fourrez sous les patins de tous les bateaux-traîneaux que vous rencontrez ! Nous serons obligés de vous confier aux soins de l’aanspreker, si cela continue.

— Grand merci ! dit Ben avec une humilité affectée. Puis s’apercevant que les lèvres de Lambert étaient toutes blanches de terreur, il ajouta bien bas : Je crois vraiment, ami, que j’ai plus pensé en ce seul instant que je ne l’ai fait pendant le cours de ma vie entière ! »

Lambert lui tendit la main, et les deux jeunes gens patinèrent pendant quelque temps en silence.

Un son de cloches remarquable, malgré sa faiblesse, par ses modulations, parvint bientôt à leurs oreilles.

« Qu’est-ce que c’est que cela ? s’écria Ben.

— Ce sont des carillons répondit Lambert. On essaye sans doute les cloches dans ce village là-bas. Ah ! Ben, je voudrais que vous entendissiez la musique des cloches de l’église neuve de Delft ; c’est vraiment surprenant. Il y a là près de cinq cents cloches, et c’est l’un des meilleurs carillonneurs de la Hollande qui les met en mouvement. Mais ce n’est pas une petite affaire que de jouer de pareille musique ; il paraît que le pauvre homme est souvent obligé de se mettre au lit après son concert ! Les cloches des carillons sont reliées à une espèce de table d’harmonie comme celle des pianos, complétée par un jeu de pédales pour les pieds. Lorsqu’il joue un air vif, le carillonneur ressemble à une bête à mille pattes. »

Pendant que tout ceci se passait, Peter et les autres s’étaient attardés à égrener tout un chapelet d’anecdotes sur Haarlem. S’apercevant qu’ils avaient été distancés par Ben