Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/158

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et Lambert, lui et ses compagnons se mirent en mesure de les rattraper.

« Ben patine bien, dit Peter, il ne s’en acquitterait pas mieux s’il était Hollandais. Les Anglais ne brillent généralement pas dans cet exercice. Eh mais, Lambert ! Et vous Ben ! Qui donc vous a fait fuir avec cette vitesse ?

— Et vous, limaçons, qu’est-ce qui vous a retenus ?

— Nous causions, et puis nous nous sommes arrêtés un instant pour permettre à Poot de souffler un peu.

— Il commence à avoir l’air passablement épuisé, le pauvre cousin, dit Lambert à voix basse. Vous avez bien fait de le ménager. J’ai peur qu’il n’ait entrepris, en venant avec nous, plus qu’il ne pouvait. »

En ce moment un magnifique bateau-traîneau s’avança lentement, bannières flottantes, et toutes voiles dehors. Le pont était couvert d’enfants emmitouflés jusqu’au menton. On ne voyait sortir de leurs capelines de laine aux vives couleurs que leurs bonnes joues souriantes, bien qu’un peu rougies par le froid.

« Pourquoi ouvrent-ils tous la bouche comme des oiseaux qui attendent la becquée ? dit Ben.

— Parce qu’ils chantent, dit Lambert. Est-ce qu’en Angleterre on s’y prend autrement quand on veut se faire entendre ? Attendez un peu qu’ils soient à portée et vous verrez qu’ils ne s’en tirent pas mal. »

Ils chantaient, en effet en chœur, un cantique en l’honneur de saint Nicolas. L’effet produit par cette centaine de voix enfantines dépassait ce qu’on aurait pu en attendre. Ben ne put se retenir de crier : Bravo ! bravo ! aux petits musiciens.

La dernière note de ce chant se perdit dans le lointain.

« Que c’était beau ! s’écria Lambert.

— On eût dit un songe, répondit Ben, c’était délicieux.